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8e Café Prison

La santé dans les prisons
Solutions, attentes, frustrations

3 avril 2017

L’accompagnement médical et social dans les prisons romandes : Solutions, attentes, frustrations

Introduction

Tous les acteurs du milieu carcéral (judiciaire, médical et social) s’accordent à dire que la prison n’est pas un lieu de soin. Pourtant, au vu du système judiciaire et médical actuel un nombre croissant de patients psychiques ayant eu recours à la violence se trouvent incarcérés, faute moyens et de structures de prise en charge en dehors de la prison.

Dans le cadre de ce 8e Café Prison, il ne s’agissait pas de trouver des solutions à tout prix, de résoudre une problématique aussi complexe, mais il nous a semblé important de questionner la prise en charge médicale et psychothérapeutique en milieu carcéral au travers d’un partage de situations vécues, afin de pouvoir peut-être amener quelques éléments de réponse et surtout nous permettre de réfléchir ensemble au meilleur accompagnement qu’il nous sera possible d’offrir aux patients-détenus.

Le débat s’est centré autour des 5 axes suivants 

  1. Soins psychiatriques, non compliance au traitement
  2. Le traitement sous contrainte
  3. Aspects sécuritaires, les fouilles, les transports en fourgon
  4. L’accès aux soins, assurances maladie
  5. L’intégration des Proches

Trois Intervenants interdisciplinaires afin de varier les discours et d’enrichir les réflexions :

Dr. Laurent Gétaz, médecin adjoint, responsable d’unité, Service de médecine pénitentiaire,

HCUGE, Genève

Mme Céline Neri, infirmière clinicienne spécialisée, Service de médecine et psychiatrie

pénitentiaires, DP-CHUV, Vaud

Mme Charlotte Viredaz,  psychologue, cheffe de filière de psychiatrie légale, CNP, Neuchâtel

Vous trouverez ci-dessous Les témoignages et questions constitutifs du fil rouge de ce 8e Café Prison

1ère situation : Non compliance au traitement
Mon frère souffre de troubles psychiques, je ne connais pas exactement le diagnostic, on a parlé de psychose. Il a passé dans plusieurs prisons de plusieurs cantons, mais il refuse à chaque fois tout contact avec les médecins, tout traitement et s’enferme dans un silence désespérant pour tous. Ça fait 11 ans que cela dure. Il parle de moins en moins, même à moi. Je ne vois pas d’issue, lui non plus. Je suis sa seule famille. Je ne connais pas son médecin, ni les infirmières.

Les questions
Que faites-vous lorsqu’un patient refuse catégoriquement les traitements et l’accompagnement qui lui sont offerts. Pourquoi ne contactez-vous pas les proches ?

Lorsque la thérapie se passe mal, qu’aucun lien ne peut s’établir entre le thérapeute et le patient et que celui-ci n’adhère pas au traitement, peut-on envisager un changement de thérapeute afin d’éviter de devoir procéder à des traitements forcés ou contraints?

2ème  situation : Contrôle et suivi des traitements médicamenteux
Mon fils souffre de troubles bipolaires. Lors de mes dernières visites en prison, son comportement m’a inquiété. (…) Je suis persuadée qu’il ne prend plus ses médicaments, je le connais assez pour savoir comment ça se passe. Pourtant son médecin, me dit qu’il les prend tous les jours.

La question
Faites-vous des contrôles sanguins réguliers ? Pouvez-vous imposer la prise de médicaments ?

3ème situation: Les mesures sécuritaires
« Mon fils a été très perturbé par les contrôles et les fouilles corporelles parfois très poussés lors des sorties, mais aussi quelquefois lors de visites. En effet, il m’a raconté qu’on lui a demandé de baisser son pantalon, son caleçon et de se pencher en avant afin de bien montrer qu’il n’avait rien planqué. Pour tout individu, ce type de traitement est extrêmement humiliant et déstabilisant. Peut-être encore plus pour une personne malade comme mon fils souffrant de schizophrénie. Nous comprenons bien en tant que proches la nécessité d’effectuer des contrôles pour des raisons sécuritaires. Néanmoins, les problèmes de  trafic de drogue p.ex., perdurent au sein de la prison, malgré ce type de mesures. »

La question 

Comment (re)construire une estime de soi, indispensable au bon processus de traitement ?

4ème situation: Les transports en fourgon

Nous connaissons dans notre groupe deux proches de détenus qui ont refusé de se faire soigner à l’hôpital, car ils ne voulaient pas y être transférés en fourgon, enchaînés et accompagnés DARD. De plus, le fait d’être enfermé dans ce fourgon, dans une sorte de cage de sécurité exiguë, s’avère extrêmement angoissant pour eux. Outre l’inconfort, ils imaginent le pire et craignent ne pas pouvoir s’en sortir s’il y avait un accident. 

La question
Un tel dispositif sécuritaire est-il toujours bien nécessaire et ne contribue-t-il pas parfois inutilement à renforcer la stigmatisation déjà si présente pour ces patients, et, dans quelle mesure n’est-il possible de prendre en compte la pathologie et la fragilité du patient détenu ?

5ème situation: Manque de prise en charge dans le cadre des exécutions de Mesure.
Le fils de notre amie a été condamné à une peine de 4 ans de prison, assortie d’un article 59. Actuellement ça fait plus de 5 ans qu’il est détenu. Le juge et l’expert psychiatre pensent qu’il doit encore travailler sur les raisons profondes de son passage à l’acte. Pour cette raison, sa dernière expertise stipulait qu’il devrait bénéficier d’un suivi thérapeutique à raison d’une, voire deux fois par semaine. Actuellement pourtant, il ne voit son thérapeute que toutes les deux à trois semaines.


La question
Cette situation est-elle une exception ? Y a-t-il beaucoup de plans d’exécution de mesures qui ne sont pas respectés en raison de la surcharge des psychiatres ?

6ème situation : Prise en charge somatique, gestion des effets secondaires médicamenteux
Depuis qu’il est enfermé et traité avec des neuroleptiques, mon fils a pris beaucoup de poids. Les médicaments le font déjà grossir, mais en plus il a tendance à trop manger et ne fait pas de sport. Son état de santé était déjà alarmant avant son entrée en prison, notamment au niveau de son foie, et cela semble se péjorer encore plus en prison. Il serait indispensable qu’il surveille son poids et j’essaie de le motiver à faire un régime, à prendre soin de lui, mais c’est difficile à faire de l’extérieur.

Les questions
Dans quelle mesure les intervenants en prison surveillent-ils l’alimentation des détenus et de quelle manière est-il possible de mettre en place un régime strict si la santé du patient l’exige ?

Les problèmes de santé comme une fragilité du foie par exemple, sont ils surveillés ?

Et le sport, indispensable à l’équilibre et à la santé du patient-détenu,  est-il inclus aux programmes de traitements ?

7ème situation : Plan d’exécution de mesure (PEM) comme outil de réhabilitation

Je suis contente de témoigner à nouveau ici. D’autant plus que mon fils est maintenant sorti de prison et que, dans son foyer, ça se passe bien. Je reste convaincue que toutes ces années en prison étaient inutiles. Les soins dont il a bénéficié auraient dû lui être prodigués dans un hôpital. (…).
L’évolution du plan d’exécution de la mesure semble ne pas toujours suivre le rythme de l’évolution de la santé du détenu. Ainsi, le PEM s’avère être un frein plutôt qu’un outil de réhabilitation.


La question

Comment faire pour que le PEM soit réellement un support, un outil vers la réhabilitation, la réinsertion ?
 

8ème situation : Prise en charge psychothérapeutique alternative (ex. Ethnopsychiatrie)

Il y a maintenant 3 ans qu’un proche avait témoigné du parcours de 8 années de détention de son fils atteint de schizophrénie. Parcours désespérant où il craignait que son fils se suicide.

Transféré peu après à Curabilis, les choses ont commencé à changer.  Tous les mois, il se rend avec son épouse à un réseau à Curabilis. Enfin, son fils a commencé à avoir des conduites, des sorties.
Mon fils, ma femme et moi, nous sommes ravis de cette évolution. On est vraiment contents de participer à ces réseaux régulièrement, et d’avoir pu bénéficier de l’ethnopsychiatrie. Ça nous a aidé grandement à comprendre ce qui se passe.

Les questions

Est-il possible qu’une telle thérapie (Ethnopsychiatrie) soit proposée aux EPO ?

Les proches peuvent-ils demander une thérapie spécialisée pour le patient-détenu ?

Qu’en est-il de l’engagement  de professionnels bénévoles ? Dans quelle mesure les détenus sont-ils au courant des prestations supplémentaires dont ils pourraient bénéficier ?
 

9ème situation : Assurance maladie

Un membre de ma famille, en détention préventive, n’a pas les moyens de payer son assurance maladie et sa famille ne peut la payer à sa place.

La question

Comment cela se passe-t-il en prison, a-t-il quand-même accès aux soins ? Qui paie alors l’assurance maladie ?

10ème situation: Assurance et prestations complémentaires

Une autre problématique qu’a rencontré le fils de l’un de nos proches : Son fils a attendu très longtemps avant de pouvoir rencontrer un dentiste. Celui-ci, au lieu de « soigner » sa dent, l’a lui a arrachée. Il a également eu des problèmes avec ses yeux, se retrouvant pendant de longs mois sans lunette, faute d’accès aux soins ophtalmologiques.

Son fils, comme beaucoup d’autres patients d’ailleurs, était au bénéfice d’une rente AI et de prestations complémentaires (PC) avant la prison. Il aurait par conséquent droit à une prise en charge de ce type de soins à l’extérieur. »

Les questions

Quelles sont les perspectives de prise en charge dentaire et ophtalmologique en prison ?

Les patients ayant les moyens de payer leurs soins, ont-ils plus facilement accès à ces prestations complémentaires ou tout le monde est-il traité de la même manière?

11ème situation: Le secret médical et la collaboration avec les proches

Témoignage émanant du groupe de proches du Graap : « Son fils a pendant longtemps refusé qu’on la tienne informée de son état de santé.  Il disait qu’il voulait la préserver, ou alors qu’il avait trop honte de ce qu’il avait fait. C’est très dur à vivre en tant que proche. »

Les proches pourront d’autant mieux avoir la bonne distance, la position appropriée s’ils sont assurés de la prise en charge adéquate de leur proche-détenu. Trop souvent ils se sentent perçus comme une charge supplémentaire au traitement de leur proche. Ils ont cependant une connaissance expérientielle importante de la maladie du détenu.

Les patients souffrant de paranoïa, souvent dans un déni du traitement, vont d’autant moins vouloir intégrer leurs proches dans un réseau, tout en appréciant néanmoins de pouvoir compter sur eux, pendant et après l’incarcération.
 

Les questions
Nous voulons respecter le secret médical. Cependant, nous avons besoin de savoir que notre proche, patient-détenu, est entre de bonnes mains et qu’il est soigné correctement. Le respect du secret médical  interdit-il le lien médecin-proche ?

Quelles démarches concrètes pouvons-nous faire pour avoir accès au médecin, aux soignants, voire aux agents de détention, maître d’atelier, etc.

Y a-t-il un accès différent selon que le détenu se trouve en préventive ou en exécution de peine/mesure ?

12ème situation: Stigmatisation découlant de la participation à des groupes thérapeutiques (délinquants sexuels)
Il s’agit d’une situation qu’une proche nous a rapporté concernant son fils:

« Dans le cadre de son article 59, en plus d’entretiens psychothérapeutiques individuels, il doit également suivre une thérapie de groupe pour personnes ayant commis des abus d’ordre sexuels. Dans l’ensemble, il participe volontiers à ces séances qui lui permettent d’échanger avec d’autres personnes dans la même situation que lui et d’avoir différents points de vue sur ce qu’il ressent. Par contre, il vit, comme ses co-détenus d’ailleurs, très mal la stigmatisation qu’engendre cette thérapie. Chaque semaine il les convoquent pour la thérapie par leurs noms et les réunissent ensemble aux yeux de tous, pour rejoindre la salle de réunion. Il se sent déjà tellement stigmatisé au sein de la prison sans avoir besoin de subir ça. Ca finit par tellement l’angoisser qu’il n’en dort parfois plus la nuit. »

Les questions
N’est-il pas contre-productif qu’une offre de soins tende à aggraver la discrimination préexistante et inhibe les bienfaits thérapeutiques?

Y aurait-il des alternatives pour réduire cette stigmatisation, et éviter de faire déambuler les personnes au vu de tous ?

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8e Café Prison

La santé dans les prisons
Solutions, attentes, frustrations

3 avril 2017

L’accompagnement médical et social dans les prisons romandes : Solutions, attentes, frustrations

Introduction

Tous les acteurs du milieu carcéral (judiciaire, médical et social) s’accordent à dire que la prison n’est pas un lieu de soin. Pourtant, au vu du système judiciaire et médical actuel un nombre croissant de patients psychiques ayant eu recours à la violence se trouvent incarcérés, faute moyens et de structures de prise en charge en dehors de la prison.

Dans le cadre de ce 8e Café Prison, il ne s’agissait pas de trouver des solutions à tout prix, de résoudre une problématique aussi complexe, mais il nous a semblé important de questionner la prise en charge médicale et psychothérapeutique en milieu carcéral au travers d’un partage de situations vécues, afin de pouvoir peut-être amener quelques éléments de réponse et surtout nous permettre de réfléchir ensemble au meilleur accompagnement qu’il nous sera possible d’offrir aux patients-détenus.

Le débat s’est centré autour des 5 axes suivants 

  1. Soins psychiatriques, non compliance au traitement
  2. Le traitement sous contrainte
  3. Aspects sécuritaires, les fouilles, les transports en fourgon
  4. L’accès aux soins, assurances maladie
  5. L’intégration des Proches

Trois Intervenants interdisciplinaires afin de varier les discours et d’enrichir les réflexions :

Dr. Laurent Gétaz, médecin adjoint, responsable d’unité, Service de médecine pénitentiaire,

HCUGE, Genève

Mme Céline Neri, infirmière clinicienne spécialisée, Service de médecine et psychiatrie

pénitentiaires, DP-CHUV, Vaud

Mme Charlotte Viredaz,  psychologue, cheffe de filière de psychiatrie légale, CNP, Neuchâtel

Vous trouverez ci-dessous Les témoignages et questions constitutifs du fil rouge de ce 8e Café Prison

1ère situation : Non compliance au traitement
Mon frère souffre de troubles psychiques, je ne connais pas exactement le diagnostic, on a parlé de psychose. Il a passé dans plusieurs prisons de plusieurs cantons, mais il refuse à chaque fois tout contact avec les médecins, tout traitement et s’enferme dans un silence désespérant pour tous. Ça fait 11 ans que cela dure. Il parle de moins en moins, même à moi. Je ne vois pas d’issue, lui non plus. Je suis sa seule famille. Je ne connais pas son médecin, ni les infirmières.

Les questions
Que faites-vous lorsqu’un patient refuse catégoriquement les traitements et l’accompagnement qui lui sont offerts. Pourquoi ne contactez-vous pas les proches ?

Lorsque la thérapie se passe mal, qu’aucun lien ne peut s’établir entre le thérapeute et le patient et que celui-ci n’adhère pas au traitement, peut-on envisager un changement de thérapeute afin d’éviter de devoir procéder à des traitements forcés ou contraints?

2ème  situation : Contrôle et suivi des traitements médicamenteux
Mon fils souffre de troubles bipolaires. Lors de mes dernières visites en prison, son comportement m’a inquiété. (…) Je suis persuadée qu’il ne prend plus ses médicaments, je le connais assez pour savoir comment ça se passe. Pourtant son médecin, me dit qu’il les prend tous les jours.

La question
Faites-vous des contrôles sanguins réguliers ? Pouvez-vous imposer la prise de médicaments ?

3ème situation: Les mesures sécuritaires
« Mon fils a été très perturbé par les contrôles et les fouilles corporelles parfois très poussés lors des sorties, mais aussi quelquefois lors de visites. En effet, il m’a raconté qu’on lui a demandé de baisser son pantalon, son caleçon et de se pencher en avant afin de bien montrer qu’il n’avait rien planqué. Pour tout individu, ce type de traitement est extrêmement humiliant et déstabilisant. Peut-être encore plus pour une personne malade comme mon fils souffrant de schizophrénie. Nous comprenons bien en tant que proches la nécessité d’effectuer des contrôles pour des raisons sécuritaires. Néanmoins, les problèmes de  trafic de drogue p.ex., perdurent au sein de la prison, malgré ce type de mesures. »

La question 

Comment (re)construire une estime de soi, indispensable au bon processus de traitement ?

4ème situation: Les transports en fourgon

Nous connaissons dans notre groupe deux proches de détenus qui ont refusé de se faire soigner à l’hôpital, car ils ne voulaient pas y être transférés en fourgon, enchaînés et accompagnés DARD. De plus, le fait d’être enfermé dans ce fourgon, dans une sorte de cage de sécurité exiguë, s’avère extrêmement angoissant pour eux. Outre l’inconfort, ils imaginent le pire et craignent ne pas pouvoir s’en sortir s’il y avait un accident. 

La question
Un tel dispositif sécuritaire est-il toujours bien nécessaire et ne contribue-t-il pas parfois inutilement à renforcer la stigmatisation déjà si présente pour ces patients, et, dans quelle mesure n’est-il possible de prendre en compte la pathologie et la fragilité du patient détenu ?

5ème situation: Manque de prise en charge dans le cadre des exécutions de Mesure.
Le fils de notre amie a été condamné à une peine de 4 ans de prison, assortie d’un article 59. Actuellement ça fait plus de 5 ans qu’il est détenu. Le juge et l’expert psychiatre pensent qu’il doit encore travailler sur les raisons profondes de son passage à l’acte. Pour cette raison, sa dernière expertise stipulait qu’il devrait bénéficier d’un suivi thérapeutique à raison d’une, voire deux fois par semaine. Actuellement pourtant, il ne voit son thérapeute que toutes les deux à trois semaines.


La question
Cette situation est-elle une exception ? Y a-t-il beaucoup de plans d’exécution de mesures qui ne sont pas respectés en raison de la surcharge des psychiatres ?

6ème situation : Prise en charge somatique, gestion des effets secondaires médicamenteux
Depuis qu’il est enfermé et traité avec des neuroleptiques, mon fils a pris beaucoup de poids. Les médicaments le font déjà grossir, mais en plus il a tendance à trop manger et ne fait pas de sport. Son état de santé était déjà alarmant avant son entrée en prison, notamment au niveau de son foie, et cela semble se péjorer encore plus en prison. Il serait indispensable qu’il surveille son poids et j’essaie de le motiver à faire un régime, à prendre soin de lui, mais c’est difficile à faire de l’extérieur.

Les questions
Dans quelle mesure les intervenants en prison surveillent-ils l’alimentation des détenus et de quelle manière est-il possible de mettre en place un régime strict si la santé du patient l’exige ?

Les problèmes de santé comme une fragilité du foie par exemple, sont ils surveillés ?

Et le sport, indispensable à l’équilibre et à la santé du patient-détenu,  est-il inclus aux programmes de traitements ?

7ème situation : Plan d’exécution de mesure (PEM) comme outil de réhabilitation

Je suis contente de témoigner à nouveau ici. D’autant plus que mon fils est maintenant sorti de prison et que, dans son foyer, ça se passe bien. Je reste convaincue que toutes ces années en prison étaient inutiles. Les soins dont il a bénéficié auraient dû lui être prodigués dans un hôpital. (…).
L’évolution du plan d’exécution de la mesure semble ne pas toujours suivre le rythme de l’évolution de la santé du détenu. Ainsi, le PEM s’avère être un frein plutôt qu’un outil de réhabilitation.


La question

Comment faire pour que le PEM soit réellement un support, un outil vers la réhabilitation, la réinsertion ?
 

8ème situation : Prise en charge psychothérapeutique alternative (ex. Ethnopsychiatrie)

Il y a maintenant 3 ans qu’un proche avait témoigné du parcours de 8 années de détention de son fils atteint de schizophrénie. Parcours désespérant où il craignait que son fils se suicide.

Transféré peu après à Curabilis, les choses ont commencé à changer.  Tous les mois, il se rend avec son épouse à un réseau à Curabilis. Enfin, son fils a commencé à avoir des conduites, des sorties.
Mon fils, ma femme et moi, nous sommes ravis de cette évolution. On est vraiment contents de participer à ces réseaux régulièrement, et d’avoir pu bénéficier de l’ethnopsychiatrie. Ça nous a aidé grandement à comprendre ce qui se passe.

Les questions

Est-il possible qu’une telle thérapie (Ethnopsychiatrie) soit proposée aux EPO ?

Les proches peuvent-ils demander une thérapie spécialisée pour le patient-détenu ?

Qu’en est-il de l’engagement  de professionnels bénévoles ? Dans quelle mesure les détenus sont-ils au courant des prestations supplémentaires dont ils pourraient bénéficier ?
 

9ème situation : Assurance maladie

Un membre de ma famille, en détention préventive, n’a pas les moyens de payer son assurance maladie et sa famille ne peut la payer à sa place.

La question

Comment cela se passe-t-il en prison, a-t-il quand-même accès aux soins ? Qui paie alors l’assurance maladie ?

10ème situation: Assurance et prestations complémentaires

Une autre problématique qu’a rencontré le fils de l’un de nos proches : Son fils a attendu très longtemps avant de pouvoir rencontrer un dentiste. Celui-ci, au lieu de « soigner » sa dent, l’a lui a arrachée. Il a également eu des problèmes avec ses yeux, se retrouvant pendant de longs mois sans lunette, faute d’accès aux soins ophtalmologiques.

Son fils, comme beaucoup d’autres patients d’ailleurs, était au bénéfice d’une rente AI et de prestations complémentaires (PC) avant la prison. Il aurait par conséquent droit à une prise en charge de ce type de soins à l’extérieur. »

Les questions

Quelles sont les perspectives de prise en charge dentaire et ophtalmologique en prison ?

Les patients ayant les moyens de payer leurs soins, ont-ils plus facilement accès à ces prestations complémentaires ou tout le monde est-il traité de la même manière?

11ème situation: Le secret médical et la collaboration avec les proches

Témoignage émanant du groupe de proches du Graap : « Son fils a pendant longtemps refusé qu’on la tienne informée de son état de santé.  Il disait qu’il voulait la préserver, ou alors qu’il avait trop honte de ce qu’il avait fait. C’est très dur à vivre en tant que proche. »

Les proches pourront d’autant mieux avoir la bonne distance, la position appropriée s’ils sont assurés de la prise en charge adéquate de leur proche-détenu. Trop souvent ils se sentent perçus comme une charge supplémentaire au traitement de leur proche. Ils ont cependant une connaissance expérientielle importante de la maladie du détenu.

Les patients souffrant de paranoïa, souvent dans un déni du traitement, vont d’autant moins vouloir intégrer leurs proches dans un réseau, tout en appréciant néanmoins de pouvoir compter sur eux, pendant et après l’incarcération.
 

Les questions
Nous voulons respecter le secret médical. Cependant, nous avons besoin de savoir que notre proche, patient-détenu, est entre de bonnes mains et qu’il est soigné correctement. Le respect du secret médical  interdit-il le lien médecin-proche ?

Quelles démarches concrètes pouvons-nous faire pour avoir accès au médecin, aux soignants, voire aux agents de détention, maître d’atelier, etc.

Y a-t-il un accès différent selon que le détenu se trouve en préventive ou en exécution de peine/mesure ?

12ème situation: Stigmatisation découlant de la participation à des groupes thérapeutiques (délinquants sexuels)
Il s’agit d’une situation qu’une proche nous a rapporté concernant son fils:

« Dans le cadre de son article 59, en plus d’entretiens psychothérapeutiques individuels, il doit également suivre une thérapie de groupe pour personnes ayant commis des abus d’ordre sexuels. Dans l’ensemble, il participe volontiers à ces séances qui lui permettent d’échanger avec d’autres personnes dans la même situation que lui et d’avoir différents points de vue sur ce qu’il ressent. Par contre, il vit, comme ses co-détenus d’ailleurs, très mal la stigmatisation qu’engendre cette thérapie. Chaque semaine il les convoquent pour la thérapie par leurs noms et les réunissent ensemble aux yeux de tous, pour rejoindre la salle de réunion. Il se sent déjà tellement stigmatisé au sein de la prison sans avoir besoin de subir ça. Ca finit par tellement l’angoisser qu’il n’en dort parfois plus la nuit. »

Les questions
N’est-il pas contre-productif qu’une offre de soins tende à aggraver la discrimination préexistante et inhibe les bienfaits thérapeutiques?

Y aurait-il des alternatives pour réduire cette stigmatisation, et éviter de faire déambuler les personnes au vu de tous ?

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24 juin 2022

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