L'engagement solidaire
Se mettre ensemble pour lutter contre l'isolement et la représentation négative de la maladie psychique a été la première action du GRAAP.
La force créative du groupe, les amitiés solidaires et le partage des expériences tragi-comiques de l'hôpital ont été pour le GRAAP les clés qui lui ont permis de développer son action.
C'est à partir de là qu'a commencé le fabuleux apprentissage de l'engagement solidaire, de l'entraide et du sens des responsabilités.
C'est ainsi que le GRAAP est non seulement un lieu de travail, d'animation, d'accueil, d'information, d'aide sociale, mais aussi et surtout une véritable communauté.
Une communauté qui veut d'abord offrir un contact chaleureux à toute personne souffrant de solitude et de difficultés psychologiques, quelles que soient ses idées et ses convictions.
Le GRAAP se donne les moyens d'offrir à chacun la possibilité de s'exprimer dans le respect de la liberté de l'autre. Le GRAAP instaure des débats, des rencontres empreints d'écoute et de générosité.
Le GRAAP privilégie l'aspect relationnel, affectif, et favorise l'amitié, la bienveillance des uns envers les autres.
Aux patients psychiques expérimentant le morcellement de la pensée et la désintégration du moi, le GRAAP peut offrir une vie communautaire riche en échanges et un réel sentiment d'appartenance.
Pour tous ceux qui ont vécu trop souvent des expériences humiliantes à cause de leur maladie, l'appartenance à une communauté reconnue et estimée est source de dignité. A plus forte raison s'ils sont les acteurs de cette renommée.
Accueil et règles de vie
L'accueil est au centre des préoccupations du GRAAP.
Accueillir une personne qui est gentille, aimable, reconnaissante...pas de problème, on sait tous faire cela, pas besoin d'être un professionnel de la relation humaine. On en retire tout de suite un bénéfice, il y a échange, on baigne dans la sphère des émotions positives.
Accueillir une personne qui souffre, qui est dans l'angoisse, dans la crainte peut déjà nous poser problème et éveiller en nous aussi de la souffrance, de la peur. L'écoute attentive est cependant nécessaire pour assurer un bon accueil.
Par contre, comment rester ouvert, généreux, empathique, accueillant avec des personnes qui ne respectent pas les mêmes règles de conduites que nous, pour qui respect, bienveillance, politesse sont des comportements inconnus ? Comment accueillir une personne centrée sur sa petite réalité quotidienne, insensible au monde et à ses habitants ? Quel accueil réserver à cette personne qui a commis des actes pervers, qui réagit à toute frustration par la violence et piétine sans gêne l'espace privé de son entourage ?
Accueillir une personne sans limites, c'est l'accueillir dans ce qu'elle a de plus profond, d'inaltérable. Comme le chante Nelly Perey, même en plein délire, en pleine folie, le fond de notre nature reste intact. On ne peut réduire une personne à son comportement. Il y a lieu de faire la différence entre la personne, ce qu'elle a de pur, de noble, d'infini, et ses actes qui peuvent être dangereux, blessants, destructeurs. Aller à la rencontre de l'autre exige de porter un regard bienveillant sur le genre humain. C'est développer une attitude intérieure, des pensées positives, tout d'abord envers soi, permettant de constituer un capital de générosité qui pourra nous ouvrir à la réalité des autres. Puis reste alors dans le cadre de cette rencontre à découvrir, à valoriser les facettes d'humanité propre à chaque individu.
Si l'on peut accueillir toute personne sans limites, tout comportement n'est pas acceptable, rien ne justifie la violence, l'irrespect, le mépris, l'intolérance. Mais alors où se situent les limites ? Quels critères moraux justifieraient le rejet ou l'accueil ?
Chaque personne, chaque groupe social décode la réalité en fonction de ses propres valeurs et définira quels actes, quels comportements sont tolérables, acceptables ou non. Il en découle des règles de vie, des limites et des exigences. Le respect de ces consignes sera un facteur d'intégration. Il s'agit de respecter et de faire respecter ces règles. Il en va de la survie de la personne et du groupe social concerné.
L'intégration de chacun dans le groupe dépendra de sa capacité, de sa volonté d'admettre les règles.