Festival de film
Festival de film
Festival de Film Santé Mentale et Prison
Bienvenue
Bienvenue au Festival de Film-Santé Mentale et Prison, une rencontre unique, qui aura lieu à Lausanne du 4 au 7 avril 2025. Pendant quatre jours et dans l’esprit festif du 7ème Art, L’Action Maladie Psychique et Prison souhaite aborder avec ce festival, deux thèmes particulièrement sensibles, la santé mentale et la prison. Souhaitant porter ce débat sur la place public, ce festival s’adresse à tous.
Le prix d’entrée, s’étalant de CHF 10.- à 160.-, permet l’accès à toutes les bourses, y compris les petits budgets. Vous êtes un professionnel, un spécialiste des domaines de la santé, du social, de la prison et de la justice, alors vous aurez l’occasion de découvrir d’autres facettes de votre réalité quotidienne.
9 Films
Pendant ces 4 jours de Festival, neuf films, documentaires ou fictions, seront projetés. Tous centrés sur la santé mentale et/ou sur l’univers carcéral, ces films se rejoignent par leur profonde humanité et leur volonté de casser les stéréotypes, de dépasser les schémas réducteurs, d’ouvrir des chemins vers la reconstruction de soi et le vivre ensemble.
4 Débats et 4 Dialogues croisés
C’est aussi l’objectif des débats et des dialogues croisés qui suivront : questionner la situation actuelle, partager des réflexions sur les questions non résolues, croiser les connaissances et les expériences, sans faire fi des réalités.
Nous avons invité des personnalités romandes et des experts de vécu (proches et patients) à présenter leurs réflexions et leurs points de vue entre les différents domaines concernés tels que la psychiatrie, la prison, la justice, la politique, l’éthique, les droits humains.
Nous avons hâte de vous y accueillir.
Quand ?
Du 4 au 7 avril 2025
Enregistrer dans le calendrier
Où ?
Casino de Montbenon
Allée Ernest-Ansermet 3
1003 Lausanne
Quand ?
Du 4 au 7 avril 2025
Enregistrer dans le calendrier
Où ?
Casino de Montbenon
Allée Ernest-Ansermet 3
1003 Lausanne
Festival de Film-Santé Mentale et Prison
Au Casino de Montbenon à Lausanne de 4 au 7 avril 2025
Vendredi 4 avril 2025
Une pause est prévue dans la matinée
08h00 - Ouverture des portes
Intermède musical : Lee Maddeford, Pianiste
Modération débats et dialogues croisés : Flavienne Wahli di Matteo, Journaliste RP - VD
08h30 - Allocution de bienvenue :
Dominique Hafner, Présidente, Graap-Association – VD
Cristina Ferreira, Professeure associée, Haute École de Santé - VD
09h00 - Projection du film Peter K., seul contre l’État (99 min) de Laurent Wyss - Âge légal 14 ans / Âge suggéré 14 ans
10h40 - Dialogue croisé avec le public et le réalisateur
“Des Nouvelles de Peter K.” : Laurent Wyss a rencontré Peter K. en prison. Échos de ce lien.
Laurent Wyss – Scénariste et réalisateur – BE
11h30 - Débat
"Tous ensemble, c’est plus sûr !" : il s’agira de savoir quelle est la bonne réponse institutionnelle pour des patients atteints de graves troubles mentaux qui doivent exécuter une mesure thérapeutique. Comme Peter K.
- Marc Boivin – Juge au Tribunal Cantonal, humoriste – FR
- Prof. Bruno Gravier – Psychiatre, Président du Comité européen droit, éthique et psychiatrie – VD
- Kathrin Gruber – Avocate, spéc. FSA, droit pénal – VD
- Kiny Mottier – Infirmière, Formatrice – VD
- Alexandre Viscardi – Chef de l’Office d’exécution des peines – VD
- Expert de vécu – Personne touchée par la thématique
13h00 - Pause - Bar ouvert
14h00 - Projection du film « Je ne te voyais pas » (75 min) de François Kohler - Âge légal 14 ans / Âge suggéré 14 ans
15h30 - Projection du film “Je verrai toujours vos visages » (118 min) de Jeanne Herry - Âge légal 12 ans / Âge suggéré 14 ans
17h30 - Pause / Bar ouvert
17h45 - Débat
“La Justice restaurative – une thérapie qui ne porte pas son nom ?” : la discussion abordera la question de savoir si cette justice peut prévenir les risques de récidives ?
- Emmanuelle Granzotti – Psychothérapeute clinicienne – GE
- Jean-Marc Knobel – Médiateur FSM, généraliste et pénal – VD
- François Kohler – Auteur, réalisateur, producteur – VD
- Camille Perrier Depeursinge – Professeure de droit pénal UNIL, Présidente de l’AJURES
- Expert de vécu– Personne touchée par la thématique
19h15 - Clôture 1ère journée
Samedi 5 avril 2025
- 17h00 - Projection du film « Ariaferma » (117 min) de Leonardo di Costanzo - Âge légal 12 ans / Âge suggéré 14 ans
19h00 - Dialogue croisé avec le public
« Parlons de réinsertion dans la communauté » : deux axes pour cette discussion : les projets en cours dans le canton de Vaud et le sens de la réinsertion dans un tel contexte.
- Franck Simond – Directeur de la Fondation vaudoise contre l’alcoolisme – VD
- Cindy von Bueren – Cheffe de service adjointe à la Direction du Service pénitentiaire -VD
19h50 - Clôture 2ème journée
Dimanche 6 avril 2025
15h00 - Projection du film « Gorgona » (90 min) de Antonio Tibaldi - Âge légal 16 ans / Âge suggéré 16 ans
17h00 - Projection du film « Sur l’Adamant » (109 min) de Nicolas Philibert - Âge légal 16 ans / Âge suggéré 16 ans
18h40 - Dialogue croisé avec le public
« Les conditions préalables à la réinsertion » : il sera question d’accompagnement médical et social ainsi que du travail en réseau.
- Prof. Philippe Conus - Médecin-Chef, Département de psychiatrie, CHUV - VD
- François Grivat - Directeur, Fondation vaudoise de probation - VD
- Antonio Tibaldi – Réalisateur, scénariste – USA
19h30 - Clôture 3ème journée
Lundi 7 avril 2025
Une pause est prévue dans la matinée
8h00 - Ouverture des portes
Intermède musical : Lee Maddeford, Pianiste
Modération débats et dialogues croisés : Flavienne Wahli di Matteo, Journaliste RP - VD
8h30 - Allocution de bienvenue :
- Dominique Hafner, Présidente, Graap-Association – VD
- Florence Nater - Conseillère d’État, Département de l’emploi et de la cohésion sociale - NE
9h00 - Projection du film « Bloc central » (78’) de Michel Finazzi - Âge légal 16 ans / Âge suggéré 16 ans
10h20 - Dialogue croisé avec le public
« La prison, un miroir de la société » : la discussion se nourrira de l’expérience du réalisateur et d’un des acteurs du film « Bloc central » ainsi que du regard d’une politicienne.
- Michel Finazzi - Réalisateur - VD
- Anne-Catherine Ménétrey - Co-fondatrice d’Infoprisons - VD
- Simon Romang - Comédien et humoriste – VD
11h20 - Projection du film « Proches de détenus, une autre peine » (51’) d’Annina Furrer - Pas d’âge légal / Âge suggéré 14 ans
12h15 - Pause - Bar ouvert
13h30 - Débat
« Et les proches dans tout ça… » : la discussion questionnera le rôle, la place des proches de patients-détenus ainsi que les partenariats possibles aux niveaux, pénal, judiciaire, psychiatrique et social.
- Dr Didier Delessert - Médecin-chef, Service de médecine et psychiatrie pénitentiaires - VD
- Me Raphaël Mahaim - Avocat, Conseiller national - VD
- Capitaine Christian Pannatier - Chef de la division Proximité, Police municipale, Lausanne - VD
- Shyhrete Rexhaj - Infirmière, Professeure HES - VD
- Viviane Schekter - Directrice, Fond. REPR - VD
- Expert de vécu - Personne touchée par la thématique
15h00 - Projection du film « Un Triomphe » (55’) de Emmanuel Courcol - Âge légal 8 ans / Âge suggéré 12 ans
16h00 - Pause / Bar ouvert
16h30 - Débat de clôture
« La prison, un lieu approprié pour exécuter une mesure thérapeutique selon l’art. 59 CPS ? » : cette question sera abordée à la lumière de l’art. 59 du Code pénal suisse qui stipule : « Le traitement institutionnel s’effectue dans un établissement psychiatrique approprié ou dans un établissement d’exécution des mesures ».
- Raphaël Brossard - Chef du service pénitentiaire - VD
- Dre Corinne Devaud Cornaz - Médecin-adjoint, Réseau Fribourgeois de Santé Mentale - FR
- Jessica Jaccoud - Avocate - Conseillère nationale - VD
- Dr Patricia Meylan - Professeure, droit pénal UniFR - VS
- Prof. Kerstin von Plessen - Cheffe du Département de psychiatrie du CHUV - VD
- Prof. Hans Wolff - Médecin-chef, Service de médecine pénitentiaire, HUG - GE
18h00 - Mots de la fin :
- Dominique Hafner, Présidente, Graap-Association – VD
18h15 - Verre de l’amitié
20h30 - Clôture du festival
Conseillère d’État – Département de l’emploi et de la cohésion sociale
Programme du Festival, que se passe-t-il ?
Un Festival - 2 salles
Le festival aura lieu au Casino de Montbenon à Lausanne :
Le vendredi 4 et le lundi 7 avril à la Salle Paderewski,
Le samedi 5 et le dimanche 6 avril à la Salle Le Cinématographe.
Les billets pour les films et dialogues croisés avec le public des Vendredi 4 et lundi 7 avril sont vendus en cliquant sur Billetterie.
Les billets pour les films et dialogues croisés avec le public des samedi 5 et dimanche 6 avril sont vendus à la billetterie du Cinématographe.
(90 places disponibles )
On peut acheter tous les billets sur place, à la caisse. Venir assez en avance.
Le festival est ouvert à tous
Boucle magnétique prévue pour personnes malentendantes
Plein Tarif | Tarif solidaire | Tarif réduit | |
½ jour | 50.- |
35.- |
10.- |
1 jour | 80.- | 60.- | 25.- |
Tarif solidaire : petit budget Tarif réduit : jeunes, AVS, AI, apprentis, étudiants Tarif réduit s’applique pour tout groupe de 5 personnes et plus. |
Crédits de formation
3 crédits de formation par ½ journée SSPL
3 crédits de formation par ½ journée SSPS
3 crédits de formation par ½ journée SSPF
Autres informations
Restauration Non Stop à la Salle des fêtes du Casino de Montbenon
Une petite faim ? « Tombée dans la farine » sera là pour vous gâter avec ses brioches sucrées et salées. Ses foccacias et pleins d’autres gourmandises au levain naturel (info@foodidea.ch)
Pour tous renseignements :
Huguette Wist : tél. +41 79 156 37 70
Festival GRAAP <festival@graap.ch>
www.festival-graap.ch
Festival de Film-Santé Mentale et Prison
Rte de Pampigny 25
1143 Apples
Vendredi 4 avril - Matin
Peter K., seul contre l’État
9h00 à la Salle Paderewski
Projection du film « Peter K., seul contre l’État » de Laurent Wyss - 99 min., drame, Suisse, D/f, 2022.
Âge légal 14 ans / Âge suggéré 14 ans
La descente aux enfers d’un retraité biennois souffrant de délires de la persécution. Laurent Wyss brosse un portrait poignant d’humanité de cet homme traqué par un millier de policiers pendant neuf jours et neuf nuits et qui, à 80 ans, croupit toujours en prison.
Avec notamment Manfred Liechti dans le rôle de Peter K. Discussion avec le réalisateur après la projection.
D’un côté, 1057 policiers avec 150 appareils de vision nocturne, 40 pistolets automatiques, un hélicoptère Super Puma et même un char piranha. De l’autre, un retraité biennois souffrant de délires de la persécution, déstabilisé et complètement seul depuis la mort de sa vieille maman. Brouillé avec sa sœur qui voulait vendre la maison familiale, engagé dans des procédures administratives et judiciaires kafkaïennes, l’ancien soixante-huitard vivait en reclus, convaincu d'être surveillé, traqué. Au moment de l’expulsion, retranché dans sa maison, il s’apprête à tenir un véritable siège face aux forces de l’ordre. Et lorsque les gaz lacrymogènes le forcent à quitter les lieux, il tire sur un policier et prend la fuite.
Arrêté le 17 septembre 2010, aujourd’hui âgé de 80 ans, Peter K. se trouve toujours en prison. Refusant tout traitement psychiatrique, il est incarcéré près de Thoune, dans l’un des régimes de détention les plus durs de Suisse.
Qui est vraiment « le forcené de Bienne » ?
Laurent Wyss, qui est aussi journaliste, a travaillé dix ans sur cette affaire et relève au passage quelques bavures policières. Il a rencontré plusieurs fois le détenu en prison et le portrait qu’il brosse est celui d’un homme très seul, cultivé, féru de physique et de mathématiques, mais à la sensibilité exacerbée par une enfance tourmentée, étouffante, prémices à ses troubles mentaux et ses bouffées de violence. Un portrait ambigu, sans concession, loin pourtant de l’image du « Forcené de Bienne » censé semer la terreur sur toute une région comme l’ont présenté à l’époque les forces de l’ordre et les médias.


Dialogue croisé avec le public et le réalisateur
Des Nouvelles de Peter K.
10h40 à la Salle Paderewski
Laurent Wyss, le réalisateur, parlera de sa relation avec Peter K. lui-même.
Pour coller au plus près de la réalité, lors de l'écriture du scénario, Laurent Wyss le réalisateur, avait eu l'occasion de rencontrer Peter K. en prison. Un lien ambigu était né. Peut-être en saurons-nous un peu plus sur le vrai Peter K. ...


Débat
Tous ensemble, c’est plus sûr !
11h30 à la Salle Paderewski
Cette discussion vise à mieux cerner la réponse institutionnelle aux besoins de justiciables contraints à exécuter en prison une mesure thérapeutique, comme Peter K.
Lors de ce débat d’ouverture, les intervenants seront invités à échanger leurs expériences, leurs constats, leurs réflexions. Cette discussion vise à mieux cerner la réponse institutionnelle aux besoins de cette minorité de patients atteinte de graves troubles mentaux et contrainte à exécuter en prison une mesure thérapeutique. Comme Peter K.
Et, peut-être aussi, évoquer des alternatives à l’exécution d’une mesure hors de l’univers carcéral ?
Art. de 24 Heures du 20 mars 2020 : Peter Hans Kneubühl avait tiré sur un policier en 2010. Le tribunal va juger s'il est opportun de passer des mesures thérapeutiques institutionnelles (art. 59 du CPS) à l'internement ordinaire. (art. 64 du CPS)
Art. de 24 Heures du 3 fév. 2023 : Un film revient sur les neuf jours de résistance armée et de cavale d’un retraité qui s’était opposé à la vente forcée de sa maison en 2010.
Psychiatre, Président du Comité européen droit, éthique et psychiatrie – VD

Expert de vécu
Personne touchée par la thématique
Vendredi 4 avril - Après-midi
Je ne te voyais pas
14h00 à la Salle Paderewski
Projection du film « Je ne te voyais pas » de François Kohler - 75 min., documentaire, Suisse, F, 2019.
Âge légal 14 ans / Âge suggéré 14 ans
Plus focalisée sur l’acte commis que sur les besoins des parties, la justice pénale montre certaines limites. Le film explore le difficile rapprochement entre victimes cherchant à se reconstruire et auteurs enclins à se responsabiliser. La justice restaurative les encourage à gérer eux-mêmes leurs conflits, les aide à se libérer de leur statut. Un film intimiste et émotionnel où les barrières entre réalité et fiction s’estompent.
Le réalisateur François Kohler participe au débat après la projection des deux films sur la Justice restaurative.
Dans un contexte sécuritaire orienté sur la peur du risque, deux dispositifs de rencontres entre victimes et agresseurs au sein de différentes prisons proposent une forme complémentaire de justice basée sur la réparation du lien et du tissu social.
Plus focalisée sur l’acte commis que sur les besoins des parties, la justice pénale montre certaines limites. «Je ne te voyais pas» explore le difficile rapprochement entre victimes cherchant à se reconstruire et auteurs enclins à se responsabiliser. La justice restaurative les encourage à gérer eux-mêmes leurs conflits, les aide à se libérer de leur statut. Un film intimiste et émotionnel où les barrières entre réalité et fiction s’estompent.
Le réalisateur né à Couvet (Suisse). Après avoir obtenu une licence en droit à l’université de Neuchâtel, François Kohler poursuit des études de cinéma à l’INSAS (Institut National Supérieur des Arts du Spectacle et Techniques de Diffusion) à Bruxelles. Il réalise, produit ou coproduit ensuite des films de cinéma et de télévision parmi lesquels LE SOUFFLE DU DESERT (2005) et CHER MONSIEUR, CHER PAPA (2008), tous deux sortis en compétition internationale au festival Visions du Réel à Nyon.
Je verrai toujours vos visages
15h30 à la Salle Paderewski
Projection du film “Je verrai toujours vos visages" de Jeanne Herry - 118 min., drame, France, F, 2023.
Âge légal 12 ans / Âge suggéré 14 ans
Des victimes et des auteurs d’agression se rencontrent pour tenter de se comprendre et se reconstruire. Des comédiens exceptionnels au service de la justice restaurative.
Avec Adèle Exarchopoulos, Gilles Lellouche, Dali Benssalah, Jean-Pierre Darroussin, Suliane Brahim, Miou-Miou, Élodie Bouchez, Fred Testot, Denis Podalydès…
Au début, il y a d’un côté Nassim, Issa, Thomas, condamnés pour vols avec violence. Et de l’autre, Chloé, Grégoire, Nawelle, Sabine, victimes de viol, braquages, vols à l’arraché. Il y a de la colère et de l’espoir, des prises de parole qui font mal et d’autres qui libèrent, qui réparent. Dans ce film, Jeanne Herry met en scène un groupe de victimes et auteurs d’agression engagés dans un processus de justice restaurative. Au fil des réunions, les clivages entre victimes et agresseurs s’atténuent, des alliances se forment naturellement au-delà des actes commis…
Auteure déjà du poignant « Pupille », film sur l’adoption, Jeanne Herry s’est emparée du thème de la justice restaurative avec la même exigence de justesse et d’ouverture. Bien que son film soit une fiction, la réalisatrice s’est longuement documentée, elle a suivi des formations, a rencontré des victimes et des professionnels de ces techniques permettant aux victimes de se reconstruire et aux agresseurs de comprendre leurs actes.
Passionnée par les méandres de la psyché humaine, la réalisatrice a trouvé un terrain d’exploration à sa mesure, son film est un véritable plaidoyer pour une justice capable de réparer non seulement les actes mais aussi les êtres. Une justice « qui ne s’occupe pas seulement de l’objectivité des faits, mais de la subjectivité des gens : qu'est-ce qu'ils ont vu, qu'est-ce qu'ils ont ressenti, qu'est-ce qu'ils ont vécu… », déclare la réalisatrice.
Un film captivant, tout en finesse porté par un casting exceptionnel et des dialogues ciselés au scalpel.


Débat
La justice restaurative, une thérapie qui ne porte pas son nom ?
17h45 à la Salle Paderewski
La justice restaurative pourrait-elle être une thérapie efficace pour prévenir le risque de récidive ?
Les démarches de justice restaurative ou réparatrice tendent toutes vers les mêmes objectifs : aider les victimes à dépasser leur traumatisme et les auteurs de délits à se responsabiliser. Avec à la clé, une baisse du taux de récidive, une société plus sûre, une diminution des coûts médicaux et sociaux et la perspective de pouvoir enfin tourner la page pour les victimes.
Le thème du débat sera axé sur la possibilité de considérer cette forme de justice réparatrice comme un outil supplémentaire entre les mains des juges qui doivent se déterminer sur le sort des justiciables atteints dans leur santé mentale. D’où notre question : La justice restaurative pourrait-elle être une thérapie efficace pour contribuer à prévenir le risque de récidive de ces détenus actuellement contraints à exécuter un programme thérapeutique ?
Ce sujet est d’autant plus d’actualité que le Conseiller d’état vaudois, Vassilis Venizelos en a évoqué l’idée dans son communiqué du 10 février concernant le Plan d’action visant le désengorgement des prisons vaudoises. Il s’exprimait ainsi « Sur le long terme, la stratégie de réinsertion 2024-2030 et le déploiement de la justice restaurative permettront de lutter contre la récidive. »

Expert de vécu
Personne touchée par la thématique
Samedi 5 avril - Au programme à 17h
Ariaferma
17h00 à la salle Le Cinématographe
Projection du film « Ariaferma » Leonardo di Costanzo - 117 min., drame, Italie, I/f, 2022.
Âge légal 12 ans / Âge suggéré 14 ans
Une ancienne prison du XIXe siècle, située dans une région inaccessible et non spécifiée de l’Italie, est en cours de démantèlement. En raison de problèmes bureaucratiques, les transferts s’arrêtent et une douzaine de détenus avec quelques officiers restent en attente de nouvelles destinations. Dans un temps suspendu, les règles de séparation se relâchent et prisonniers et surveillants inventent une fragile communauté.
Avec Toni Servillo, Silvio Orlando, Fabrizio Ferracane, Antonio Buil…
Perdue dans les montagnes arides, une prison vétuste est en cours de démantèlement quand le transfert des douze détenus restants est retardé en raison d’une erreur administrative.
Propulsé directeur provisoire, Gargiulo, le surveillant le plus expérimenté, va devoir gérer la transition, le temps que la situation se débloque. Lagioia, capo mafieux qui finit de purger une longue peine, entrevoit, lui, la possibilité de faire entendre les revendications des détenus en sursis. Peu à peu, dans un temps suspendu, matons et prisonniers inventent une fragile communauté.
Inspirée d’une histoire réelle mais tournée dans une prison imaginaire avec des acteurs professionnels, Leonardo Di Costanzo filme le monde carcéral avec sa violence, ses codes, ses lois et ses absurdités.
« Au-delà d’une utopie, « Ariaferma » examine la possibilité d’une communauté entre gardiens et détenus où chacun, dans son rôle, va prendre la mesure de son propre enfermement. » (« Le Monde », 16 novembre 2022).


Dialogue croisé
Parlons de réinsertion dans la communauté
19h00 à la salle Le Cinématographe
Présentation de projets en cours concernant la réinsertion des personnes détenues dans nos prisons. Nous questionnerons aussi le sens de cette réinsertion pour les personnes en exécution de mesure thérapeutique.
Cette discussion présentera les projets en cours dans notre canton concernant la réinsertion des personnes détenues dans nos prisons et plus spécialement celles qui le sont pour exécuter une mesure thérapeutique. Nous questionnerons aussi le sens de cette réinsertion dans un tel contexte. Et cela, tant pour les personnes détenues que pour les professionnel-le-s accompagnant tout projet de vie en prison qui devrait être orienté vers la sortie.
Cheffe de Service adjointe à la Direction du Service pénitentiaire (SPEN) – VD
Dimanche 6 avril - Au programme à 15h
Gorgona
15h00 à la salle Le Cinématographe
Projection du film « Gorgona » de Antonio Tibaldi - 90 min., documentaire, Italie, I/f, 2022.
Âge légal 16 ans / Âge suggéré 16 ans
La traduction et les sous titrages de Gorgona ont été produits en l’honneur et en mémoire de Gregory Wasserman et de sa trop brève vie.
Détenus sur l'île isolée de Gorgona, la dernière colonie pénitentiaire agricole d'Europe. Ils cultivent la terre, s'occupent des animaux, dans l'espoir d'une seconde chance dans la vie.
Gorgona est la dernière colonie pénitentiaire agricole d’Europe. Située à 19 miles de la côte toscane, cette île-prison isolée abrite quatre-vingt-dix détenus qui passent leurs journées en plein air, immergés dans une beauté naturelle immaculée. Gorgona est une fenêtre intime sur la vie quotidienne de cinq de ces hommes : du soin du bétail à la culture de la terre, ils ont la chance d’apprendre un métier et d’acquérir des compétences qui les aideront à se réinsérer dans la société.
Antonio TIBALDI est scénariste et réalisateur de films de fiction et de non-fiction en Amérique du Nord et en Europe. Il est basé à New York.
Son travail a remporté de nombreux prix et a été présenté dans des festivals tels que Berlin, Sundance, San Sebastian, Rotterdam, IDFA, Tribeca ; et distribué par des sociétés telles que Miramax, Warner Bros. et Lion’s Gate. Il est consultant pour UNTV (United Nations TV) et travaille comme vidéographe pour mettre en lumière des réalités peu connues en Amérique du Sud et en Amérique centrale, en Afrique et en Asie. En tant que boursier Fulbright, Antonio a étudié à Calarts où il a obtenu une maîtrise en cinéma et vidéo. Ses projets ont reçu le soutien de l’IFP (Independent Filmmaker Project – The Gotham), du TFI (Tribeca Film Institute), FIND (Film Independent), WEMW (When East Meets West), Dokincubator et Biografilm. Antonio Tibaldi est membre du WGA East et il est le codirecteur du MFA in film à l'université publique de New York The City College of New York.
Sur l’Adamant
17h00 à la salle Le Cinématographe
Projection du film « Sur l’Adamant » de Nicolas Philibert - 109 min., documentaire, France/Japon, F, 2023.
Âge légal 16 ans / Âge suggéré 16 ans
Nicolas Philibert partage une expérience psychiatrique novatrice en bord de Seine à Paris
Eclectique dans ses sujets, le documentariste rencontre les adultes souffrant de déficience psychique de l’Adamant, un centre de séjour amarré près du Jardin des Plantes à Paris.
Avec notamment Sabine Berlière, Mamadi Barri, Walid Benziane, Romain Bernardin, Jean-Paul Hazan, Pauline Hertz, Frédéric Prieur, Sébastien Tournayre, Muriel Thourond (des patients et soignants)
L’Adamant est un Centre de Jour unique en son genre : c’est un bâtiment flottant. Édifié sur la Seine, en plein cœur de Paris, il accueille des adultes souffrant de troubles psychiques, leur offrant un cadre de soins qui les structure dans le temps et l’espace, les aide à renouer avec le monde, à retrouver un peu d’élan. L’équipe qui l’anime est de celles qui tentent de résister autant qu’elles peuvent au délabrement et à la déshumanisation de la psychiatrie. Ce film nous invite à monter à son bord pour aller à la rencontre des patients et soignants qui en inventent jour après jour le quotidien.
Ours d'or 73. Internationale Filmfestspiele Berlin
Mention spéciale du Jury oecuménique 73. Internationale Filmfestspiele Berlin


Dialogue croisé
Les conditions préalables à la réinsertion
18h40 à la salle Le Cinématographe
La première condition préalable à la réinsertion est bien une adhésion minimale au diagnostic du trouble mental et au traitement qui en découle. Ensuite, il est aussi fondamental que le patient-détenu réalise la nécessité d’un accompagnement pour sa réinsertion.
À Gorgona, des prisonniers cultivent la terre, s'occupent des animaux et réapprennent à vivre au rythme de la nature, en communauté d’intérêt. Peut-être des liens possibles avec la ferme de Bochuz, aux Établissement de la plaine de l’Orbe ? Cette discussion va aborder, concrètement, d’autres approches qui favorisent le rétablissement :
La réinsertion impliquant le rétablissement de la santé et un accompagnement psycho-social, lors de ce dialogue croisé, nous aurons l’occasion de discuter de divers programmes tel que :
- le programme SIM, suivi intensif psychiatrique dans le millieu
- le programme TIPP, soit : Traitement et intervention précoce dans les troubles psychotiques
- La « désistance », un accompagnement qui permet progressivement aux justiciables de s’éloigner des comportements contraires à la loi.
Lundi 7 avril - Matin
Bloc Central
9hO0 à la Salle Paderewski
Projection du film « Bloc Central » de Michel Finazzi - 78 min., fiction, Suisse, F, 2018.
Âge légal 16 ans / Âge suggéré 16 ans
La vie quotidienne dans une prison vaudoise filmée à la manière d’un documentaire. Un film qui permet de voir l’enfermement sous un autre jour.
Avec notamment Sandro De Feo, Vincent Rime, Miguel Blanc, Jean-Philippe Ecoffey, Karim Slama…
Dialogue avec le réalisateur Michel Finazzi après la projection.
À mi-chemin entre le documentaire et la fiction, "Bloc Central" emmène le spectateur derrière les murs de la prison lausannoise du Bois-Mermet dans le quotidien des détenus et des agents de détention. Deux hommes font en même temps leur entrée dans la plus ancienne prison du canton : l’un vient d’être engagé comme agent pénitentiaire, l’autre est un prisonnier, prévenu de tentative de meurtre. Au fil des jours, sous forme d’un parcours croisé, les deux hommes découvrent cette micro-société avec son rythme lourd, lent, ses codes, ses petits arrangements. Et à leur suite, le temps d’un film, le spectateur pénètre lui aussi dans l’univers carcéral…
Le réalisateur Michel Finazzi a travaillé 16 ans en milieu carcéral où il animait des ateliers vidéo. C’est de son expérience qu’il s’est directement inspiré. Face aux obstacles rencontrés pour tourner un documentaire, Michel Finazzi s’est lancé dans une fiction avec des comédiens professionnels, mais une fiction tournée in situ au plus près de la réalité carcérale.
Après la projection, Michel Finazzi viendra parler de cette aventure cinématographique et humaine. Il évoquera son travail en prison, ses rencontres avec, toujours, l’inlassable volonté de dépasser le fossé d’indifférence de ceux et celles qui peinent à voir dans la prison « un miroir de la société ».


Dialogue croisé
La prison, un miroir de la société
10h20 à la Salle Paderewski
Michel Finazzi évoquera son travail en prison, ses rencontres avec l’inlassable volonté de dépasser le fossé d’indifférence de ceux et celles qui peinent à voir dans la prison « un miroir de la société ».
Le réalisateur Michel Finazzi a travaillé 16 ans en milieu carcéral où il animait des ateliers vidéo. C’est de son expérience qu’il s’est directement inspiré. Face aux obstacles rencontrés pour tourner un documentaire, Michel Finazzi s’est lancé dans une fiction avec des comédiens professionnels, mais une fiction tournée in situ au plus près de la réalité carcérale. Il viendra nous parler de cette aventure cinématographique et humaine et il évoquera son travail en prison, ses rencontres avec, toujours, l’inlassable volonté de dépasser le fossé d’indifférence de ceux et celles qui peinent à voir dans la prison « un miroir de la société ».
Proches de détenus, une autre peine
11h20 à la Salle Paderewski
Projection du film « Proches de détenus, une autre peine » d’Annina Furrer - 51 min., documentaire, Suisse, D/f, 2023.
Pas d’âge légal / Âge suggéré 14 ans
« Papa est en prison mais il ne faut pas le dire » ou comment surmonter le traumatisme d’un proche incarcéré. Coup de projecteur sur le travail essentiel de la fondation REPR qui tente de réparer l’injustice d’une peine partagée par ceux et celles qui n’ont commis aucun crime. Des proches de personnes atteintes dans leur santé mentale partagent aussi leurs préoccupations spécifiques relatives aux soins.
L’emprisonnement d’un proche peut démolir des familles entières. Sans nouvelles souvent du détenu, en butte aux obstacles administratifs et aux méandres du système judiciaire, les proches se retrouvent brutalement confrontés à la dure réalité d’une incarcération.
A l’éloignement, à la tristesse, à la honte parfois et aux problèmes de toute sorte s’ajoute la peur de ce qui va arriver à ce papa, cette maman, ce fils, ce partenaire incarcéré. Les autorisations de visite relèvent du parcours du combattant, l’accès aux soins pour le détenu est problématique, il va mal, il est peut-être au cachot, mais comment le savoir ? Comment garder du lien et l’aider alors qu’on se sent soi-même submergé par de profonds sentiments d’impuissance, voire de culpabilité et d’injustice face à la machine judiciaire ? Et que dire à un enfant dont l’un des parents disparaît de sa vie du jour au lendemain ? « Une petite de 4 ans nous a demandé si sa Maman mangeait par terre », relève Viviane Schekter, de la fondation Relais Enfants Parents Romand (REPR), une des protagonistes de ce documentaire.
En Suisse romande, les structures spécialisées dans l’aide et le soutien aux proches sont pratiquement inexistantes à l’exception de la fondation Relais Enfants Parents Romand (REPR), et du Groupe d’entraide pour proches de patient-e-s psychiques sous main de justice du Graap-Fondation.
Riche des témoignages forts de proches de prisonniers, ce documentaire, centré sur le travail essentiel de la fondation REPR, sonne comme un cri d’alarme face à ce manque.
Extraits et interview de Viviane Schekter sur la plate-forme de la RTS « Docu-réactions »
Lundi 7 avril - Après-midi


Débat
Et les proches dans tout ça…
13h30 à la Salle Paderewski
Cette discussion autour des proches de patients-détenus donnera l’occasion de questionner leur rôle, leur place et les partenariats possibles aux divers niveaux, pénal, judiciaire, psychiatrique et bien sûr social.
L’emprisonnement d’un proche peut démolir des familles entières. Sans nouvelles du détenu, en butte aux obstacles administratifs et aux méandres du système judiciaire, les proches se retrouvent brutalement confrontés à la dure réalité d’une incarcération. À l’éloignement, à la tristesse, à la honte souvent, aux problèmes de toute sorte s’ajoutent la peur de ce qui va arriver à ce fils, ce papa, cette maman, ce partenaire incarcéré.
Comment garder du lien alors qu’on se sent soi-même submergé par de profonds sentiments d’impuissance et d’injustice face à la machine judiciaire ? Sentiment d’injustice ? pour le moins, une incompréhension ! surtout lorsque la personne détenue est atteinte d’un grave trouble mental. Comment vivre, vivre malgré tout ?
En Suisse romande, les structures spécialisées dans l’aide et le soutien aux proches sont pratiquement inexistantes à l’exception de la Fondation Relais Enfants Parents Romands (REPR) et de l’Action Maladie psychique et Prison (AMPP), initiatrice de ce festival. La plupart du temps, les soucis de ces proches-là ont débuté avec l’apparition de la maladie, du trouble ou/et du handicap mental dans la vie de « leur » patient-détenu. Et la détention intervient souvent à la suite d’un parcours médico-social chaotique où les proches se sont déjà retrouvés, démunis, sans aide, ignorés du système de soins. Et quand survient la détention, elle s’éternise. Sans date de sortie de prison, le patient-détenu et toute sa famille entre dans un engrenage qui leur échappe. Pourtant, cette étape ne devrait être qu'une courte escale thérapeutique d'un parcours tumultueux.
Cette discussion autour des proches de patients-détenus donnera déjà l’occasion de souligner l’existence de ces proches-là, de questionner leur rôle, leur place, les partenariats possibles aux divers niveaux, pénal, judiciaire, psychiatrique et bien sûr social.
Médecin-chef, Service de médecine et psychiatrie pénitentiaires - VD
Chef de la division Proximité, Police municipale, Lausanne - VD

Expert de vécu
Personne touchée par la thématique
Un Triomphe
15h00 à la Salle Paderewski
Projection du film « Un Triomphe » de Emmanuel Courcol et Irène Muscari, 107 min., comédie dramatique, France, F, 2020.
Âge légal 8 ans / Âge suggéré 12 ans
(Accroche) La tournée rocambolesque de prisonniers jouant « En attendant Godot ». L’un des meilleurs rôles de Kad Merad en metteur en scène raté. Avec en toile de fond de cette comédie feel good, la puissance de l’art et de l’amitié pour renaître à la vie… même derrière les barreaux.
Avec Kad Merad, Marina Hands, Laurent Stocker, Wabinlé Nabié, Sofian Khammes, Pierre Lottin…
Etienne, un acteur en galère, accepte pour boucler ses fins de mois d'animer un atelier théâtre en prison. Surpris par le talent de cette troupe improbable, il décide de mettre en scène hors des murs de la prison un spectacle, « En attendant Godot », de Samuel Beckett, en métaphore à l'état d'attente constant des prisonniers.
Les répétitions s’enchaînent, la sortie des détenus comédiens est enfin approuvée, les représentations peuvent commencer mais le jour de la première, cinq des six acteurs tentent une évasion… À chaque représentation, les liens d’amitié entre le metteur en scène et les prisonniers se resserrent. Mais tandis qu’Etienne connaît enfin le succès sur les planches, ses acteurs, eux, doivent retrouver leur cellule chaque soir. Cahin-caha, tout finit par s’arranger et la tournée s’avère un triomphe.
Un triomphe pour qui verra dans cette histoire l’exemple d’une socialisation et réhabilitation au sens propre. Celle qui sécrète des effets salvateurs et des bénéfices pour tous les acteurs, y compris la société.
Inspiré par des faits réels qui se sont déroulés dans une prison de haute sécurité en Suède, le réalisateur Emmanuel Courcol revisite avec humour cette histoire touchante d’humanité tournée sur le ton d’une comédie feel good.
Comédien de théâtre venu tardivement au cinéma, Emmanuel Courcol a la passion des planches chevillée au corps. Son film est un hommage au théâtre, mais aussi une invitation à voir le monde carcéral sous un jour différent. Kad Merad, en metteur en scène dépressif, brille dans le premier rôle et tous les comédiens jouent formidablement bien leurs rôles d’acteurs médiocres mais irrésistibles.
« Peut-être le meilleur rôle de Kad Merad loin de ses cabotinages habituels » (Pierre-Philippe Cadert, « Vertigo », RTS-La Première


Débat de clôture
La prison, un lieu approprié pour exécuter une mesure thérapeutique ?
16h30 à la Salle Paderewski
Art. 59 al 2 du Code pénal suisse stipule : Le traitement institutionnel s’effectue dans un établissement psychiatrique approprié ou dans un établissement d’exécution des mesures. La prison est-elle un lieu approprié ?
Le débat de clôture posera la question cruciale de l’exécution des mesures institutionnelles en prison : l’univers carcéral peut-il représenter «un lieu approprié» pour un traitement institutionnel selon l’article 59 du Code pénal suisse ? La prison dispose-t-elle de moyens adaptés à la prise en charge de personnes gravement atteintes dans leur santé mentale ? Existe-t-il de réelles possibilités de se soigner, de se reconstruire et d’entamer un processus de réinsertion pour des détenus sous article 59, alors qu’ils n’ont aucune date de sortie en perspective ? Finalement, les deux logiques, carcérales et thérapeutiques, impliquées dans l’application de l’art. 59 de Code pénal suisse sont-elles compatibles ?
Un Festival de film, pourquoi ?
Peter K., seul contre l’État
De Laurent Wyss
La descente aux enfers d’un retraité biennois souffrant de délires de la persécution.
Je ne te voyais pas
De François Kohler
Le film explore le difficile rapprochement entre victimes cherchant à se reconstruire et auteurs enclins à se responsabiliser.
Je verrai toujours vos visages
De Jeanne Herry
Des victimes et des auteurs d’agression se rencontrent pour tenter de se comprendre et se reconstruire.
Ariaferma
De Leonardo Di Costanzo
Dans une prison en voie de démantèlement, prisonniers et gardiens inventent une fragile communauté.
Gorgona
D’Antonio TIBALDI
À Gorgona, des prisonniers cultivent la terre, s'occupent des animaux, dans l'espoir d'une seconde chance.
Sur l’Adamant
De Nicolas Philibert
Nicolas Philibert partage une expérience psychiatrique novatrice en bord de Seine à Paris.
Bloc central
De Michel Finazzi
La vie quotidienne dans une prison vaudoise. Un film qui permet de voir l’enfermement sous un autre jour.
Proches de détenus, une autre peine
D’Annina Furrer
« Papa est en prison mais il ne faut pas le dire » ou comment surmonter le traumatisme d’un proche incarcéré.
Un Triomphe
D’Emmanuel Courcol et Irène Muscari
Des prisonniers jouent « En attendant Godot ». La puissance de l’art et de l’amitié pour renaître à la vie… même derrière les barreaux.

Peter K., seul contre l’État
De Laurent Wyss
La descente aux enfers d’un retraité biennois souffrant de délires de la persécution.

Je ne te voyais pas
De François Kohler
Le film explore le difficile rapprochement entre victimes cherchant à se reconstruire et auteurs enclins à se responsabiliser.

Je verrai toujours vos visages
De Jeanne Herry
Des victimes et des auteurs d’agression se rencontrent pour tenter de se comprendre et se reconstruire.

Ariaferma
De Leonardo Di Costanzo
Dans une prison en voie de démantèlement, prisonniers et gardiens inventent une fragile communauté.

Gorgona
D’Antonio TIBALDI
À Gorgona, des prisonniers cultivent la terre, s'occupent des animaux, dans l'espoir d'une seconde chance.

Sur l’Adamant
De Nicolas Philibert
Nicolas Philibert partage une expérience psychiatrique novatrice en bord de Seine à Paris.

Bloc central
De Michel Finazzi
La vie quotidienne dans une prison vaudoise. Un film qui permet de voir l’enfermement sous un autre jour.

Proches de détenus, une autre peine
D’Annina Furrer
« Papa est en prison mais il ne faut pas le dire » ou comment surmonter le traumatisme d’un proche incarcéré.

Un Triomphe
D’Emmanuel Courcol et Irène Muscari
Des prisonniers jouent « En attendant Godot ». La puissance de l’art et de l’amitié pour renaître à la vie… même derrière les barreaux.
Avec ce Festival de film, L’Action Maladie Psychique et Prison souhaite mettre en lumière la réalité vécue par les détenus atteints de troubles mentaux et leurs proches, lourdement impactés eux aussi.
Les films apporteront un éclairage d’une humanité profonde aux débats et dialogues croisés au programme qui ont pour objectif de questionner le système carcéral actuel. Les discussions permettront d’échanger sur la cohabitation des deux logiques, carcérales et thérapeutiques. Ce sera l’occasion de revenir sur l’accès aux soins de qualité pour tout un chacun, qu’il soit détenu ou non. Mais aussi sur les mesures thérapeutiques selon l’art. 59 du Code pénal suisse qui contraignent les justiciables à exécuter une mesure thérapeutique en prison.
Le but de ce festival est bien de faire sortir de l’ombre la situation des quelques 700 personnes qui se retrouvent derrière les barreaux en raison de délits liés à leur pathologie.
Grâce aux personnalités romandes ainsi qu’aux experts de vécu (proches et patients) nous pourront découvrir d’autres facettes de la réalité de ces personnes doublement stigmatisées. Troubles mentaux et détention, un double tabou qui touche aussi les proches de ces détenus un peu particuliers.
Au cours des débats et dialogues croisés, des projets novateurs et des pistes inhabituelles, des alternatives nous seront présentées. En conclusion, lors du dernier débat, une question sera posée : la prison est-elle un lieu approprié pour exécuter une mesure thérapeutique ?
4 débats, 4 dialogues croisés, mais sur quels sujets ?

Dialogue croisé
vendredi 4 avril 10h40
Des Nouvelles de Peter K. ?
Laurent Wyss, le réalisateur, parlera de sa relation avec Peter K. lui-même.

Débat
vendredi 4 avril 11h30
Tous ensemble, c’est plus sûr !
Cette discussion vise à mieux cerner la réponse institutionnelle aux besoins de justiciables contraints à exécuter en prison une mesure thérapeutique, comme Peter K.

Débat
vendredi 4 avril 17h45
La justice réparatrice, une thérapie qui ne porte pas son nom ?
La justice réparatrice pourrait-elle être une thérapie efficace pour prévenir le risque de récidive ?

Dialogue croisé
samedi 5 avril 19h00
Parlons de réinsertion dans la communauté
Présentation de projets en cours concernant la réinsertion des personnes détenues dans nos prisons. Nous questionnerons aussi le sens de cette réinsertion pour les personnes en exécution de mesure thérapeutique.

Dialogue croisé
dimanche 6 avril 18h40
Les conditions préalables à la réinsertion
Il sera question d’accompagnement médical et social ainsi que du travail en réseau.

Dialogue croisé
lundi 7 avril 10h20
La prison, un miroir de la société
La vie quotidienne dans une prison vaudoise. Un film qui permet de voir l’enfermement sous un autre jour.

Débat
lundi 7 avril 13h30
Et les proches dans tout ça…
Cette discussion autour des proches de patients-détenus donnera l’occasion de questionner leur rôle, leur place et les partenariats possibles aux divers niveaux, pénal, judiciaire, psychiatrique et bien sûr social.

Débat de clôture
lundi 7 avril 16h30
La prison, un lieu approprié pour exécuter une mesure thérapeutique ?
Art. 59 du Code pénal suisse stipule : «Le traitement institutionnel s’effectue dans un établissement psychiatrique approprié ou dans un établissement d’exécution des mesures.» La prison est-elle un lieu approprié ?
La question du traitement des détenus atteints de troubles mentaux au sein du système carcéral est un enjeu complexe, mêlant justice, soins psychiatriques et réinsertion sociale. Ce cycle de débats et de dialogues croisés propose une réflexion approfondie sur ces thématiques, en réunissant des professionnels du droit, de la santé, du milieu carcéral et des acteurs de terrain.
À travers des discussions variées, nous explorerons les réalités de ces détenus particuliers, à l’image de Peter K., dont le parcours interroge la pertinence des mesures thérapeutiques en milieu carcéral. Comment concilier impératifs judiciaires et soins appropriés ? Quels dispositifs existent ou devraient être mis en place pour éviter que la prison ne devienne une impasse pour ces personnes en grande détresse ?
Le débat s’ouvrira sur une immersion dans l’histoire de Peter K., grâce au témoignage du réalisateur Laurent Wyss, qui a développé une relation privilégiée avec lui. Puis, nous questionnerons l’efficacité de l’exécution des mesures thérapeutiques en prison, les alternatives possibles et les défis liés à la justice réparatrice. La réinsertion des détenus sera également au cœur des échanges, avec des exemples concrets de projets innovants et des réflexions sur les conditions préalables à un retour à la société.
Enfin, nous nous attacherons à une dimension souvent oubliée : celle des proches des détenus, dont le rôle et les difficultés méritent d’être reconnus. Le débat de clôture viendra poser une question essentielle : la prison est-elle réellement un lieu adapté à l’exécution des mesures thérapeutiques ?
À travers ces échanges, nous espérons susciter un débat constructif et proposer des pistes de réflexion pour une prise en charge plus humaine et efficace des détenus en souffrance psychique.
Flavienne Wahli di Mattéo, journaliste, avec sa sensibilité et bienveillance habituelles modérera les débats et dialogues croisés avec le public.
Thèmes des débats et dialogues croisés, plus d’infos :
Vendredi :
“Des Nouvelles de Peter K.”
“Tous ensemble, c’est plus sûr !”
“La Justice restaurative – une thérapie qui ne porte pas son nom ?” : la discussion abordera la question de savoir si cette justice peut prévenir les risques de récidives ?
Samedi :
« Parlons de réinsertion dans la communauté »
Dimanche :
« Les conditions préalables à la réinsertion »
Lundi :
« La prison, un miroir de la société »
« Et les proches dans tout ça… »
« La prison, un lieu approprié pour exécuter une mesure thérapeutique selon l’art. 59 CPS ? »
Interview Cristina Ferreira
Propos recueillis par Catherine Favre
Pour la sociologue Cristina Ferreira, l’article 59 relève d’un véritable contresens
Projet d’établissement psychiatrique du Dr Dominique Marcot
Un établissement psychiatrique médico-légal à la place de la prison
A quoi pourrait ressembler une institution thérapeutique romande pour les personnes sous main de justice?
Documentation, qui, quoi, comment ?

Interview Cristina Ferreira
Propos recueillis par Catherine Favre
Pour la sociologue Cristina Ferreira, l’article 59 relève d’un véritable contresens

Projet d’établissement psychiatrique du Dr Dominique Marcot
Un établissement psychiatrique médico-légal à la place de la prison
A quoi pourrait ressembler une institution thérapeutique romande pour les personnes sous main de justice?
Introduction
Nous ajoutons au fur et à mesure de la documentation dans cette rubrique. Venez la consulter régulièrement si vous désirez approfondir les sujets traités durant le festival.
Pour la sociologue Cristina Ferreira,
l’article 59 relève d’un véritable contresens
Le Festival de Film Santé mentale et Prison approche à grands pas avec ses nombreuses projections et débats à l’affiche du Casino de Montbenon du 4 au 7 avril 2025. Dans la perspective d’éclairer les enjeux essentiels de l’événement, l’Action Maladie psychique et Prison propose un grand entretien avec la sociologue Cristina Ferreira, professeure associée à la Haute Ecole de Santé Vaud, autrice de plusieurs publications sur l’expertise psychiatrique. Et la langue de bois n’est pas le genre de la maison ! Pour la sociologue, les mesures thérapeutiques exécutées en milieu carcéral relèvent d’un véritable contre-sens : « Cela revient à vouloir soigner dans des conditions qui rendent malade ».
Mais au-delà d’une analyse critique de l’article 59 du Code pénal suisse, cette chercheuse chevronnée souhaite que le parcours et la situation des justiciables atteints de troubles mentaux soient mieux documentés. C’est en cela que les sciences humaines peuvent être d’un apport considérable, pour donner «une voix et un visage» à une population doublement stigmatisée par la maladie mentale et par la prison.
Entretien avec la sociologue Cristina Ferreira
L’article 59? «Cela revient
à vouloir soigner dans des conditions qui rendent malade!»
Docteure en sociologie, professeure associée à la Haute Ecole de Santé Vaud, autrice de nombreuses publications sur l’expertise psychiatrique, Cristina Ferreira s’inquiète du sort carcéral réservé à des personnes malades et condamnées à des mesures dites thérapeutiques. Elle pointe du doigt un système où «la dangerosité est devenue une nouvelle maladie», où la souffrance des patients détenus et les réalités humaines sont occultées.
Dans un livre très accessible, co-écrit avec les historiens Ludovic Maugué et Sandrine Maulini, la chercheuse illustre les paradoxes des placements forcés par la saga de l’Homme-Bus, Martial Richoz, qui a sillonné les rues de Lausanne au volant d’un véhicule fabriqué de ses mains avant d’être interné. Et sa plus récente publication réalisée avec un panel de chercheuses et chercheurs interroge le caractère équivoque des rapports tissés entre la médecine, la justice et le champ pénitentiaire («Protéger la collectivité ou l’individu? Controverses quant au rôle de l’expertise psychiatrique et de la médecine pénitentiaire en Suisse romande (1970–1980), 2024 »).
Son propos ne relève pas d’un réquisitoire contre les autorités. Non, elle plaide pour une meilleure connaissance du terrain, pour des études permettant de documenter l’impact des mesures pénales sur le parcours de vie des hommes et des femmes concernés. C’est en cela que les sciences humaines peuvent être d’un apport considérable, pour donner «une voix et un visage» à une population doublement stigmatisée par la maladie mentale et par la prison.
Entre un cours à la Haute Ecole de santé Vaud et une séance de travail de recherche, cette sociologue passionnée et passionnante a pris le temps de nous accorder un long entretien.
Vos publications sont parmi les rares études à explorer la problématique des mesures pénales en termes sociologiques et historiques. Que nous apprennent vos travaux, en particulier sur l’article 59?
Nous avons consacré une première publication qui fait un état des lieux des difficultés posées par l’article 59 ( «Prévenir le risque de récidive par l’obligation de soins: les apories de l’article 59 du Code pénal suisse» , par Cristina Ferreira et Ludovic Maugué, Revue Champ pénal, 2017). Je dirigeais alors une étude financée par le Fonds national suisse sur la privation de liberté à des fins d’assistance et j’ai dû mettre de côté un projet de recherche spécifique sur l’article 59, en particulier lorsque les personnes font recours contre ces décisions. Toutefois, c’est quelque chose que j’aimerais faire à l’avenir: une enquête de terrain sur la variété des situations couvertes par l’article 59 et son impact sur les vies des personnes concernées.
Pourtant, le manque de structures adéquates, la durée indéterminée des mesures avec tous les problèmes que cela implique sur la santé mentale des patients détenus, commencent à être connus, reconnus. Très concrètement, que peut apporter la sociologie au débat?
Il manque à ce jour en Suisse des recherches en sciences sociales qui comparent les pratiques entre les cantons, autant les politiques publiques cantonales que la mise en œuvre de l’article 59 au sein des établissements d’exécution des mesures. Les mêmes lacunes sont à déplorer pour ce qui est des profils sociologiques des personnes sous mesure, de leur histoire de vie et de leurs conditions d’existence avant leur condamnation.
Il y a également des lacunes quant au déroulement concret de l’article 59, notamment en milieu carcéral, avec les expériences des détenus, du personnel soignant et pénitentiaire, des proches...
Avec une meilleure connaissance de la diversité des situations, on va pouvoir débattre de la diversité des besoins et des profils cliniques, des conditions socio-économiques et même des soutiens familiaux ou pas, dont ces personnes peuvent bénéficier. Bref, avoir une vision plus incarnée, plus complexe pour pouvoir envisager des solutions ajustées à chaque profil. Car les mêmes solutions ne sont pas forcément bonnes pour tout le monde.
Vos propos sont souvent très critiques à l’égard du manque de cohérence des mesures légales et de leur application. Vous êtes une scientifique engagée?
Le type de sociologie que je pratique essaye de documenter ce qui est jugé comme un problème à un moment donné dans une société donnée. Par exemple sur l’article 59: quelles sont les connaissances à disposition sur cette mesure? Quelles sont les personnes qui se prononcent sur le bien-fondé ou pas d’un traitement institutionnel d’ordre pénal? Donc, c’est de documenter et comprendre ce qui est en jeu pour ensuite faire une analyse critique de politiques publiques qui peuvent être paradoxales ou provoquer des situations d’injustice.
«Une situation d’injustice qui mérite
d’être dénoncée pour être transformée»
Typiquement, avec l’article 59, le fait de contraindre des personnes avec des troubles psychotiques à cohabiter avec d’autres détenus dans un espace restreint, relève d’une situation d’injustice qui mérite d’être dénoncée pour être transformée.
Oui, mais comment passer de la dénonciation à la transformation du système?
Là, je pense qu’il est vraiment souhaitable que le monde des sciences sociales s’allie à des recherches participatives et citoyennes, ainsi qu’aux praticiens et soignants, aux acteurs et actrices de la société civile, aux personnes concernées et à leurs proches. L’enjeu serait de documenter «par le bas», au plus près des réalités institutionnelles, ce que représente «être sous article 59». D’où l’importance d’analyser tous les effets produits par cette mesure, des effets qui restent très souvent dissimulés.
Vous voulez dire que l’impact de ces mesures nous est volontairement caché?
Ce qui se passe dans les prisons reste très confidentiel. Dès les années 1970, des collectifs ont dénoncé des situations intolérables du point de vue des droits humains, par exemple des personnes souffrant d’addictions soumises à des sevrages non accompagnés. Aujourd’hui, autour de l’article 59, ça se justifie aussi largement de rassembler toutes ces forces et je pense que les sciences sociales peuvent jouer un rôle dans ce mouvement. (NDLR: voir à ce propos les sites de l’Action Maladie psychique et Prison l’Action Maladie psychique et Prison (AMPP-Graap Association) et du Collectif 59 engagés dans la défense des droits des détenus atteints de troubles mentaux).
«Parfois, les institutions n’ont pas intérêt
à ce que certaines pratiques se sachent»
C’est votre responsabilité de chercheuse d’alerter sur ces injustices?
Déjà de documenter ces situations pour autant – et c’est un point important – pour autant qu’on puisse avoir accès au terrain. Effectuer des recherches dans certains lieux n’est pas toujours facile. Des institutions sont plus ouvertes que d’autres. Pour faire admettre leur présence, les chercheurs se heurtent souvent à un certain nombre de conditions, en particulier le fait de ne pas pouvoir tout dire. Parfois, les institutions n’ont pas intérêt à ce que certaines pratiques se sachent.
Un exemple?
Imaginons des mesures d’isolement ou d’autres mesures disciplinaires infligées à des personnes avec des problèmes psychiatriques graves. Si ces situations pouvaient être finement documentées, les rendre publiques pourrait toutefois s’avérer problématique pour l’établissement pénitentiaire.
Vous travaillez souvent avec des historiens. En quoi le recul historique permet-il une meilleure compréhension du problème? Après tout, l’article 59 ne date que de 2007…
Oui, mais c’est saisissant de voir qu’à travers tout le 20e siècle les mêmes questions reviennent avec constance. Pendant des décennies, on a conçu tout une série de projets d’établissements hospitaliers spécifiques à cette population qui relève à la fois de la psychiatrie et du pénal. Et à chaque fois, ces projets ont été abandonnés pour des raisons financières et politiques.
«Pour eux, la solution relevait plutôt de thérapies de groupe et d’un travail sur la vie en collectivité»
Par exemple, dès les années 1960, des psychiatres suisses se sont inspirés des communautés thérapeutiques anglo-saxonnes. Ce concept partait de l’idée que beaucoup de délinquants avec des problèmes psychiques avaient aussi, sinon surtout, des problèmes d’intégration socio-économique et des difficultés à se conformer aux normes sociales. Pour eux, la solution relevait plutôt de thérapies de groupe et d’un travail sur la vie en collectivité avec des tâches à accomplir ensemble, avec des droits et des devoirs. Ces communautés thérapeutiques étaient basées sur le travail et sur la participation des personnes au fonctionnement même du collectif, donc sur quelque chose d’utile à la sortie, ce qui n’est pas le cas des articles 59.
Que sont devenus ces projets?
A Genève, il y a eu le grand projet de sociothérapie de la Pâquerette qui avait une très bonne réputation en Europe et ça marchait. Mais on connaît la suite avec l’affaire Adeline en 2013, la Pâquerette ferme et cela fait 12 ans que la Suisse romande attend la réouverture de quelque chose qui était une des solutions les plus prometteuses.
Donc, les solutions ont déjà été pensées, testées, mais pour des raisons politiques, elles sont abandonnées. C’est comme si cette population appartenait à l’une des catégories les plus indésirables de la société parce qu’elle cumule deux grands stigmates: la transgression de la loi et la maladie mentale.
Cette association entre la folie et les comportements punissables nous renvoie toujours à la grande hantise de la dangerosité. Et là aussi, on manque d’éléments précis pour cerner précisément en quoi consiste cette dangerosité au point de justifier une incarcération à durée indéterminée.
«La dangerosité? On l’agite beaucoup (…) mais, finalement, on ne connaît pas exactement ce que cette dangerosité associée à des pathologies psy, signifie»
On l’agite beaucoup, notamment dans la presse à l’occasion d’affaires retentissantes, mais, finalement, on ne connaît pas exactement ce que cette dangerosité associée à des pathologies psy, signifie. On ignore aussi quelle est l’efficacité réelle, pour les personnes concernées et pour la société, des mesures thérapeutiques prévues dans l’article 59.
Dans une de vos publications, vous citez des cas d’hommes perçus comme psychopathes parce qu’ils n’ont pas un travail fixe. C’était dans les années 1950 et 60…
… Oui et en étudiant leur parcours dans les archives, on constate qu’ils ont simplement vécu dans des conditions extrêmement précaires. S’ils se déplaçaient beaucoup et étaient considérés comme nomades, c’est parce qu’ils étaient engagés comme travailleurs journaliers sur les chantiers. Ils étaient «dangereux» parce qu’ils ne correspondaient pas au parcours de vie attendu en Suisse, c’est-à-dire avoir un travail stable et régulier.
Quelques femmes étaient aussi considérées comme psychopathes et passibles de mesures pénales parce qu’elles avaient un mode d’existence jugé trop libéral ou « immoral » qui ne collait pas au modèle conservateur de l’époque. Ça, on a pu le documenter notamment avec le cas des « filles-mères ».
Mais il serait intéressant de voir en quoi les personnes sous article 59 ne correspondent probablement pas à ce qu’on attend des hommes et des femmes d’aujourd’hui.
Les mentalités ont tout de même beaucoup évolué?
Actuellement, la figure de la dangerosité est en passe d’être associée à tout ce qui relève d’attentats à l’intégrité corporelle et sexuelle. Sauf que l’article 59 couvre toute une panoplie de crimes et délits, tels que des atteintes à la propriété, vols, cambriolages… Si ces délits sont parfois graves, il ne demeure pas moins que les formes prises par les sanctions pénales sont hautement discutables. Se soigner en prison, espérer aller mieux en étant incarcéré… de l’avis quasi unanime chez les professionnels, c’est une mission impossible et paradoxale.
Vous parlez même d’«apories», c’est-à-dire, d’une mesure qui va à contresens du projet initial?
Oui, on peut parler d’un contresens. Cela revient à vouloir soigner dans des conditions qui rendent malade. C’est comme si on obligeait quelqu’un à apprendre à lire en le privant de moyens d’enseignement. Les apories de l’article 59 résultent de la durée indéterminée de la mesure dans le cadre délétère de la prison.
Par ailleurs, certaines personnes avec des troubles psychiatriques sévères restent une année ou deux en détention préventive, confinées 23 h sur 24 en cellule, dans une prison qui peut être surpeuplée, sans prise en charge psychothérapeutique.
«En prison, l’article 59 prive les personnes des possibilités d’amélioration de leur santé mentale…»
Le problème, c’est aussi le non-accès à du travail ou à un projet valorisant qui donne du sens. Le paradoxe c’est qu’en prison l’article 59 prive les personnes des possibilités d’amélioration de leur santé mentale et donc des moyens pour répondre à ce qu’on attend d’elles.
Le fait que les mesures soient reconduites d’année en année pour une durée indéterminée est lourd de conséquences pour les détenus sous article 59. En les privant de perspectives, on en fait «des hommes sans avenir», pour reprendre votre référence à l’analyse du sociologue Pierre Bourdieu. C’est dur, comme constat?
L’article 59 place les personnes dans une mise en attente anxiogène, qui renvoie aux rapports de pouvoir et de domination évoqués par Pierre Bourdieu dans des situations où une personne possède la maîtrise du temps d’une autre personne.
Bourdieu pense entre autres aux chômeurs de longue durée qui multiplient les démarches et les formations pour retrouver du travail sans savoir s’ils vont obtenir une seule réponse positive.
«Chaque personne a sans doute vécu au moins une fois dans sa vie ce moment anxiogène d’attente»
On peut tous connaître de telles situations où l’on est maintenu en attente d’une décision, on n’en dort plus la nuit, on se fait des scénarios A,B,C. Est-ce que je vais avoir cet appartement ou pas, est-ce que je vais obtenir ce travail ou pas… Chaque personne a sans doute vécu au moins une fois dans sa vie ce moment anxiogène d’attente.
Oui, mais de-là à faire de nous des hommes et des femmes sans avenir…
Bien sûr, mais ces sentiments d’angoisse sont à multiplier par 100 chez les personnes sous article 59 soumises, en milieu carcéral, à une attente qui dure des années et des années. Elles se trouvent dans une situation de domination d’autant plus forte qu’elles ne peuvent pas se projeter dans l’avenir. Sans perspectives de réinsertion, elles sont condamnées à vivre au jour le jour. Ce qui les rend d’autant plus vulnérables et provoque des sentiments de révolte, d’injustice, des transgressions avec en retour des sanctions disciplinaires et la confirmation pour les autorités que ces personnes ne sont pas encore prêtes pour une levée de l’article 59.
«Certains arrêts judiciaires laissent clairement voir la mécanique insidieuse qui consiste à imputer aux justiciables la responsabilité de ‘la mise en échec’ des mesures»
Certains arrêts judiciaires laissent clairement voir la mécanique insidieuse qui consiste à imputer aux justiciables la responsabilité de «la mise en échec» des mesures et des traitements prescrits. On leur reproche de ne pas saisir les chances données par les autorités judiciaires sans s’interroger sur leur déroulement et impact réels. Par exemple, le fait d’avoir une consultation avec un psychiatre pèse peu dans la balance lorsqu’on vit la plupart du temps dans un établissement surpeuplé où les tensions sont quotidiennes.
Cela ressemble tout de même à un réquisitoire envers les instances judiciaires, médicales, pénitentiaires?
Non, il ne faut pas non plus avoir une vision angélique de la question en ce sens que les personnes sous article 59 ont parfois commis des actes graves. Mais il s’agit de réfléchir à la manière dont une société punit et avec quelles finalités. Et c’est tout le problème de la durée indéterminée des mesures pour des personnes souffrant de troubles psychiques. L’auteur d’un délit, même grave, connaît la durée de son incarcération. En revanche, avec une sanction à durée indéterminée, la punition se transforme en un châtiment qui est plus de l’ordre symbolique et social que juridique. Une peine supplémentaire vient se rajouter à la punition. Et c’est cette réflexion qu’il faut mener: comment et pourquoi punit-on de cette manière-là?
Il serait aussi intéressant de connaître des histoires «heureuses». Il y a peut-être des personnes sous article 59 qui correspondent davantage à ce qui a été pensé au départ, c’est-à-dire des personnes qui ont réellement bénéficié d’un encadrement thérapeutique, qui ont pu travailler sur leurs difficultés, sur leurs actes et qui ont pu renaître socialement et être accompagnées. Il faudrait comparer ces situations avec celles qui sont très éloignées de cet accompagnement.
C’est en cela que la sociologie peut mettre en évidence les inégalités produites entre ceux qui ont la maîtrise de leur temps et ceux qui en sont durablement privés.
Propos recueillis par Catherine Favre
Un établissement psychiatrique médico-légal à la place de la prison
A quoi pourrait ressembler une institution thérapeutique romande pour les personnes sous main de justice? Découvrez le projet élaboré par Dominique Marcot, médecin-psychiatre et chef de la filière légale du canton de Neuchâtel.
Tout au long de sa carrière, le médecin psychiatre Dominique Marcot, chef de la filière légale du canton de Neuchâtel, n’a eu de cesse de chercher des alternatives aux discours sécuritaires convenus. Un credo qui ne l’a jamais quitté, que ce soit dans les Unités pour malades difficiles (UMD) en France, au sein d’institutions spécialisées dans les troubles de la personnalité en Allemagne, aux Etablissements de la plaine de l’Orbe (EPO) où il a œuvré de 2013 à 2020 et, aujourd’hui, dans les prisons neuchâteloises.
Dans cette perspective, Dominique Marcot a élaboré un concept très concret de Centre thérapeutique forensique pour la Suisse romande. Cette structure médico-légale est destinée aux personnes sous article 59 CP (alinéa 3 mais aussi pour une part alinéa 2) qui sont aujourd’hui systématiquement placées en prison dans des conditions d’incarcération particulièrement néfastes pour leur santé mentale. Un concept novateur inspiré des recherches les plus récentes en matière de science psychiatrique en lequel l’Action Maladie psychique et Prison se reconnaît parfaitement.
Le concept du Dr Dominique Marcot
Pourquoi et pour qui un centre thérapeutique romand ?
Le centre dont il sera question s’adresse aux personnes qui souffrent de graves troubles mentaux et qui sont condamnées à des soins institutionnels en application du Code pénal.
En particulier en Suisse romande et italienne, il y a actuellement trop peu d’institutions capables de fournir un soin répondant à l’objectif du législateur et qui soit à la hauteur des possibilités de la psychiatrie contemporaine.
De ce fait, les personnes sous article 59.3 CP sont quasiment systématiquement placées en prison, alors que la loi indique seulement que « le traitement s’effectue dans un établissement fermé tant qu’il y a lieu de craindre que l’auteur ne s’enfuie ou ne commette de nouvelles infractions. Il peut aussi être effectué dans un établissement pénitentiaire au sens de l’art. 76, al. 2, dans la mesure où le traitement thérapeutique nécessaire est assuré par du personnel qualifié ».
Des exemples à suivre en Suisse alémanique ?
En Suisse alémanique, sept sites proposent un service hospitalier de psychiatrie forensique (Etoine, UPD de Berne ; Clinique de médecine légale, UPK de Bâle, qui dispose aussi d’un service forensique pour mineurs) ; Clinique de psychiatrie médico-légale à Aarau ; Centre de psychiatrie légale de Thurgovie ; Centre de psychiatrie légale des Grisons, à Coire ; Service de psychiatrie légale de Saint-Gall ; Unité de psychiatrie légale, PUK Zurich à Rheinau).
En revanche, il n’existe pas d’établissement psychiatrique approprié en Suisse romande (à l’exception de la prison aménagée de Curabilis). Aucune institution psychiatrique publique ne veut assumer la prise en charge de ces patients.
De 1830 à 2025, même constat !
«L’Etablissement de Réinsertion sécurisé » de Cery, qui devrait ouvrir ses portes prochainement, disposera de 20 places en régime ouvert, pour des personnes sous article 59. Il est possible que ce service, qui n’a pas de vocation concordataire, ne prenne que des personnes relevant de l’Office d’exécution des peines vaudois.
La Station Etoine des Services universitaires de Berne est un service spécialisé dans les prises en charge de patients difficiles, pouvant accueillir des patients détenus de toute la Suisse et prenant en charge également certains PAFA. Son fonctionnement peut être un modèle pour les soins aigus.
Globalement, à ce jour, nous osons dire que nous en sommes revenus au constat que faisait, en 1830, le Dr Charles Albert Perret, médecin vaudois qui estimait qu’il y avait un « besoin pressant d’un établissement particulier pour les incurables, particulièrement pour les incurables dangereux qui devraient pouvoir être enfermés ailleurs que dans une prison ».
« Vivre en milieu carcéral expose ces personnes en particulier à la violence, y compris à la violence sexuelle.»
Les malades psychiques, même auteurs de violences ou porteurs d’une dangerosité, sont des personnes très souvent vulnérables. Et vivre en milieu carcéral (mais pas seulement) expose ces personnes en particulier à la violence, y compris à la violence sexuelle. Cette victimisation est possiblement, entre autres, un facteur favorisant l’apparition ou la chronicisation de troubles psychiques et favorisant aussi le risque pour le patient de devenir à son tour violent, par réaction, par imitation ou par péjoration de son état psychique, ce qui va à l’encontre de l’objectif recherché.
Dans le respect des résolutions internationales
Enfin, le maintien de malades mentaux en prison va contre les résolutions internationales concernant les prisons en les maintenant dans des lieux inadaptés (les pratiques actuelles font que des personnes, même reconnues irresponsables par la justice, mais sous mesure 59, sont placées en prison, parfois pour des années vu la gravité de leurs troubles), d’une manière contraire aux conventions internationales.
S’inspirer de la nouvelle science psychiatrique
Pour toutes ces raisons, nous proposons une prise en charge psychiatrique s’inscrivant contre l’assimilation des malades mentaux dangereux à des délinquants. Un des fondements de la nouvelle science psychiatrique (appelée alors « aliénisme ») était de proposer un « enfermement protecteur », d’une nature radicalement différente de « l’enfermement punitif ».
Comme l’institution psychiatrique du 21ème siècle se veut non coercitive, sans fermeture, et proposant surtout des prises en charge de crise, force est de constater qu’un certain nombre de malades sévèrement et chroniquement atteints risque d’échapper à ce cadre basé sur la capacité du patient à coopérer volontairement et se retrouvent sans prise en charge adaptée dans des structures ouvertes. Leurs cas nécessitent de longs séjours, des cadres bienveillants, apaisés et contenants et un travail institutionnel de longue haleine, dont on peut espérer comme conséquence heureuse, une réintégration responsable dans la société.
Plus d’efficacité avec des économies à long terme
Concrètement, il s’agira de prises en charge au long cours, de populations hétérogènes sur le plan de leurs troubles, et nécessitant parfois des mois, sinon des années (possiblement 3 à 5 ans, voire plus dans le cas de troubles psychotiques graves) jusqu’à une stabilisation pérenne et jusqu’à ce qu’un pronostic favorable en termes de baisse du risque de récidive puisse être posé.
« Un meilleur traitement permet aussi d’économiser les coûts d’une criminalité future, avec moins de victimes et de stigmatisation des malades psychiques. »
La visée de ce concept est aussi de permettre une économicité à long terme par rapport à la prise en charge actuelle, où l’argent public est dépensé pour des années en prison mais pas pour agir sur la problématique de fond. Un meilleur traitement permet aussi d’économiser les coûts d’une criminalité future, avec moins de victimes et de stigmatisation des malades psychiques, car nous estimons que la psychiatrie a un rôle éminemment préventif, y compris de la violence. Enfin, les enjeux éthiques du rapport de notre société aux malades les plus sévèrement atteints procèdent également du fondement de notre réflexion.
Sécurité pour autrui et pour la personne condamnée
Nous nous proposons d’utiliser un modèle hospitalier qui vise ce qui est appelé en psychiatrie le « rétablissement » (par opposition à une utopique « guérison »), tenant compte de la sécurité pour autrui, sans sacrifier totalement la sécurité et le bien-être de la personne malade et condamnée. Ce modèle pourra être articulé avec des objectifs de probation (la réinsertion, la désistance), en accord avec la volonté du législateur mise en œuvre lors de la révision du Code pénal de 2007.
De la phase aiguë à la réinsertion
Il s’agira aussi de proposer un concept de prise en charge qui pourrait accompagner, dans la même institution, le patient dans les trois principales phases de son évolution et de ses besoins, à savoir les unités suivantes: phase aiguë avec un cadre empêchant toute soustraction aux soins, phase de stabilisation et d’activités thérapeutiques ou occupationnelles ou de formation, phase de réinsertion avec accompagnement dans un foyer ouvert ou dans un appartement protégé ou vers un emploi.
Cette continuité n’existe pas dans le paysage éclaté et disparate actuel de Suisse romande. Le passage du patient d’une institution carcérale à l’autre selon les moments de sa maladie et de son évolution pénale, signifie autant de moments de rupture des liens tissés avec l’équipe précédente (ces liens étant les principaux porteurs du rétablissement), de morcèlement, voire de lâchage qui peuvent remettre en cause des états psychiques vulnérables et des stabilités durement acquises, par la charge anxiogène et les capacités d’adaptation que ces transitions sollicitent.
Le modèle du rétablissement, c’est quoi ?
Le modèle du rétablissement (recovery), actuellement de plus en plus appliqué dans les pays anglo-saxons en particulier, veut aussi s’appuyer sur des traditions de psychothérapies institutionnelles, développées par le groupe de travail de psychothérapie et de sociothérapie institutionnelles à partir des années 1960 en France, mais aussi sur l’expérience du Massregelvollzug (qui signifie exécution de mesure dans la terminologie du code pénal allemand) qui existe depuis les années 1930 en Allemagne.
« Permettre à cette personne d’atteindre une stabilité psychique et une réalisation personnelle, le plus souvent en apprenant à vivre avec ses troubles…»
Il importe en effet, non pas seulement d’éradiquer les symptômes ou d’avoir un contrôle extérieur de la personne, mais surtout de permettre à cette personne, à laquelle le code pénal reconnait que ses infractions sont « en lien avec un trouble psychique » (article 59), d’atteindre une stabilité psychique et une réalisation personnelle, le plus souvent en apprenant à vivre avec des troubles qui peuvent durer des années et qui ne peuvent être totalement réduits.
Un modèle qui a fait ses preuves
Le modèle du rétablissement nous parait avoir suffisamment démontré son efficacité, son respect de la dignité de la personne, sa capacité à aller vers la responsabilisation et la reconnaissance sociale et de susciter un désir de réinsertion, mais aussi de surmonter les mécanismes d’isolement, de stigmatisation, d’exclusion et finalement de violence sous toutes ses formes, qui accompagnent souvent la souffrance psychique et la condamnation par la justice.
« Les patients auteurs de violences sont très souvent d’anciennes victimes de violence de toute sorte… »
Il s’agit d’une approche réhabilitative et holistique, humaniste, interdisciplinaire, capable de répondre à la diversité et à la complexité des situations de personnes concernées, dans un cadre institutionnel qui se veut thérapeutique, y compris dans son fonctionnement global. L’équipe de prise en charge devra porter une réflexion clinique toujours active et une capacité de dialogue et d’adaptation avec les personnes sous leur responsabilité. Les patients auteurs de violences sont très souvent d’anciennes victimes de violence de toute sorte, souvent dans leur phase de développement, quand ils étaient vulnérables. Il s’agit de rompre un cycle de répétition de la violence, en proposant une écoute, la possibilité d’exprimer et de travailler son vécu et ses émotions dans un environnement bienveillant car sécurisé.
Priorité à la sécurité des patients et de la société
La sécurité sera considérée prioritairement comme un besoin légitime sinon un droit, celui du sentiment de sécurité de chaque patient, et qui reposera sur des stratégies de communication, de soutien rapproché et d’échange dynamiques. La qualité de l’accompagnement doit viser l’évolution des patients dans un climat apaisant, la prévention des crises et la verbalisation des conflits, les bonnes actions seront valorisées (pas seulement les transgressions punies).
L’environnement devra bien entendu répondre à la sécurité de la société et à une sécurité périmétrique adaptée au type d’unité, mais le concept sécuritaire ne pourra être calqué sur celui d’une prison, qui favorise la soumission disciplinaire et la dissuasion par punition.
Si leur état le permet, les patients devraient pouvoir prendre certaines responsabilités, avoir des activités ou des occupations porteuses de sens, s’engager dans des formations, bénéficier de congés et de stages dans des entreprises.
Concrètement, comment ça marche?
- Le Centre forensique romand devra pouvoir accueillir des hommes et des femmes, exceptionnellement des adolescents (à partir de 15 ans par exemple), souffrant de tous types de troubles mentaux (maladies, handicap, etc.).
- Pour la Suisse romande, une structure disposant de 50 à 60 places pour des articles 59 et de 10 places pour des articles 61 pourrait répondre aux besoins, au vu du nombre actuels d’article 59, chiffre en augmentation constante dans certains cantons (Vaud par exemple).
- L’admission devra se faire sur demande des autorités, des hôpitaux ou du patient lui-même, elle sera décidée par la direction médicale sur des critères médicaux, les autorités responsables donneront leur accord dans un second temps.
- Un retour dans l’institution antérieure, voire en prison devra toujours être possible sur décision médicale, un engagement de reprendre le patient par l’institution qui l’adresse pourrait être à formaliser.
- Le centre forensique romand s’adressera en premier lieu aux personnes sous article 59, mais l’existence de dispositifs de formations suffisant pourrait permettre d’accueillir le public visé par l’article 61 (numériquement important dans la population pénale), et il pourra aussi proposer un lieu faisant office de foyer, qui bénéficiera de la proximité des unités de soins.
- Des détenus sous article 64 et âgés devraient également pouvoir être accueillis dans une unité visant à leur proposer une qualité de vie meilleure (et permettant une pris en charge des dépendances) qu’en détention pour des séjours de très longue durée.
- Des patients en détention avant jugement mais psychiquement inaptes à la détention ou des patients qui ne sont pas sous main de justice mais sous PAFA ou volontaires pourraient également être accueillis si leur symptomatologie nécessite transitoirement une prise en charge sécurisée.
- Enfin, l’unité d’hospitalisation sécurisée pourra servir de lieu d’observation pour expertises pénales ou civiles.
Quatre pôles pour une seule institution
L’institution pourrait s’articuler autour de trois ou quatre pôles :
- Pôle de soins particulièrement sécurisés (15 lits), pour stabiliser (durant 6 mois à 2-3 ans) les patients souffrant de pathologies psychiatriques décompensées : modèle Unité Etoine à Berne. La sécurité sera périmétrique, avec possibilité d’un renfort d’agents sécuritaires sur demande des soignants ;
- Pôle de réhabilitation psycho-sociale (15 à 20 lits), dans un environnement fermé, avec des activités thérapeutiques ou occupationnelles variées (voire productives) combiné à des sorties encadrées en milieu libre : modèle de la réhabilitation par le travail, possibilité de formations diplômantes ;
- Pôle de réinsertion (15 à 20 lits), pour les patients pouvant évoluer dans un environnement semi-ouvert, avec un travail sur la transition vers l’extérieur, avec un réseau de foyers dans toute la Suisse romande, d’entreprises pouvant être des lieux de stages et de formation, d’infirmiers case-managers, possibilité d’un externat de travail ;
- Pôle de longs séjours (15 lits), dans un encadrement fermé (et ouvert), pour les situations ne répondant pas aux propositions des autres pôles et sans perspectives de sortie à long terme, autrement dit une structure sécurisée mais suffisamment différente du milieu carcéral pour permettre une qualité de vie de type foyer, avec aménagements pour les personnes âgées ou handicapées, avec possibilité d’activités occupationnelles ou productives, de sorties encadrées, mais dont l’environnement devra être fermé ou sécurisé. Un tel pôle pourrait être mis en place dans un second temps.
« Chaque patient sera au bénéfice d’un plan de soin, s’intégrant dans son plan d’exécution de la sanction. »
L’importance d’approches complémentaires
Chaque patient sera au bénéfice d’un plan de soin, s’intégrant dans son plan d’exécution de la sanction. Quelques ateliers de productions, avec rémunération, pourraient avoir leur place, pour des patients qui en seraient (devenus) capables. On peut concevoir des activités de sous-traitance, et un magasin pour vendre au public des productions du Centre.
La prise en charge adéquate des troubles mentaux graves sera au premier plan, mais des approches complémentaires s’adressant aux diverses problématiques de violences, de développement de l’empathie, des aptitudes sociales compléteront l’offre de soin et faisant appel à des professionnels d’horizons divers.
Intervention de pairs-aidants et collaboration avec les proches
Le centre forensique romand développera également des partenariats avec des consultations et services spécialisés pour ajuster les prises en charge lors de problématiques spécifiques (autisme adulte, démence, addictions, etc.). L’intervention de pairs-aidants ou donnant une place centrale aux personnes concernées (groupes de paroles entendeurs de voix, alcooliques anonymes, etc.).
« L’information aux proches sera un axe important, de sorte à aider le système familial dans la prise en charge du patient.»
Des liens avec des groupes de soutien aux proches de malades psychiques (type GRAAP ou ANAAP), et des rencontres, voire des thérapies avec les proches devraient être possibles. L’information aux proches sera un axe important, de sorte à aider le système familial dans la prise en charge du patient.
Les ateliers et la formation, avec des maîtres socio-éducatifs, y tiendront une place de choix dans le quotidien des patients qui sera aptes à y trouver une perspective et un sens, en particulier les plus jeunes (dans l’esprit de l’article 61 CP), sur place mais aussi en lien avec des entreprises extérieures.
Jardinage, sport, méditation, yoga…
Un travail avec des animaux (de type médiation animale, éducation canine) et de jardinage (jardin thérapeutique) pourrait être un axe, permettant d’allier activité physique et capacité à développer des liens avec d’autres formes de vie, qui se révèlent toujours porteuses de sens, voire avec une plus-value thérapeutique.
La méditation (relaxation, mindfulness, yoga, sophrologie, Vipassana) et des thérapies spécifiques (chambre Snoezelen) seront encouragés.
Les sports seront également une offre, sous la conduite de maîtres de sport. Les sports proposés viseront à favoriser le bien-être physique et la maîtrise de soi. Des approches thérapeutiques via le sport (par exemple psychoboxe, tchoukball, escalade, etc.) seront favorisées.
Des sorties seront aussi régulièrement pratiquées, en groupe ou en individuel, pour favoriser le lien avec la société.
La spiritualité y aura aussi une place, comme soutien et prise en compte d’une dimension importante de l’être humain, avec lieu de prière œcuménique et aumônerie.
L’architecture devra (…) être pensée comme un outil thérapeutique, selon les recherches les plus actuelles sur les liens entre neurosciences et architecture.
L’architecture du centre devra favoriser le bien-être et le sentiment de sécurité des résidents et des employés et être pensée pour être un outil thérapeutique, selon les recherches les plus actuelles sur les liens entre neurosciences et architecture.
Des évaluations scientifiques rigoureuses
Des évaluations scientifiques et des études, tant médicales, forensiques que criminologiques, devront pouvoir être régulièrement réalisées, pour permettre à la fois une vision la plus objective possible et régulière de l’adéquation des moyens et des buts. Un regard tiers ne peut qu’améliorer continument les pratiques, à soutenir l’innovation thérapeutique et à favoriser l’échange scientifique et la reconnaissance du travail accompli. La prévention du passage à l’acte sera un point important du travail scientifique que permettra l’existence du centre.
Les plus-values en 9 points
- Enjeux de sécurité et de santé publiques,
- Traitements de situations complexes et prévention du passage à l’acte,
- Répondre à la demande du législateur dans sa révision du code pénal de 2007,
- Baisse des coûts liés à l’activité délinquante et criminelle,
- Intégration des personnes condamnées au tissus socio-économique,
- Meilleure sécurité de la population, dé-stigmatisation des malades psychiques ayant présenté un danger pour autrui,
- Soulager les prisons de la prise en charge des malades les plus atteints,
- Valorisation de l’image et attractivité du CNP, du canton.
- Rentabilité financière par une facturation avantageuse aux autorités qui adressent leurs condamnés (en cas de structure cantonale neuchâteloise)
Bibliographie
Prison vs. hospital for offenders with psychosis; effects on reoffending, A. Igoumenon, C. Kallis, N. Huband, O. Haque, J. W. Coid, C. Duggan, The Journal of Forensic Psychiatry & Psychology, vol 30, 2019, Issue 6, p. 939-958, published online 07 August 2019
Anordnung und Vollzug stationärer therapeutischer Massnahmen gemäss Art. 59 StGB mit Fokus auf geschlossene Strafanstalten bzw. geschlossene Massnahmeneinrichtungen Studie zuhanden der Nationalen Kommission zur Verhütung von Folter (NKVF) Jonas Weber Jann Schaub Corinna Bumann Kevin Sacher Bern, 28. August 2015 Nachträglich punktuell ergänzt um Hinweise zu BGE 142 IV 1 (Urteil des Bundesgerichts 6B_708/2015 vom 22. Oktober 2015)
Cristina Ferreira et Ludovic Maugué, « Prévenir le risque de récidive par l’obligation de soins : les apories de l’article 59 du code pénal suisse », Champ pénal/Penal field [En ligne], Vol. XIV | 2017, mis en ligne le 17 février 2017, consulté le 23 octobre 2020. URL : http://journals.openedition.org/champpenal/9473 ; DOI : https://doi.org/10.4000/champpenal.9473
https://www.skjv.ch/fr/pratique/themes-dactualite/monitorage-de-la-privation-de-liberte
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Müller, J.L., Saimeh, N., Briken, P. et al. Standards für die Behandlung im Maßregelvollzug nach §§ 63 und 64 StGB. Forens Psychiatr Psychol Kriminol 12, 93–125 (2018). https://doi.org/10.1007/s11757-017-0445-0
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L’AMPP, c’est une équipe !
L’Action Maladie Psychique et Prison - AMPP regroupe des proches de personnes atteintes dans leur santé mentale ainsi que des patients sous main de justice.
L’AMPP compte plus d’une centaine de personnes venues de tous horizons, dont un quart est régulièrement actif dans ses rencontres et ses actions.
Activité
- Accompagnement judiciaire et social de proches
- Accompagnement judiciaire et psychosocial de patients-détenus
- Gestion du Fonds de défense judiciaire de l’AMPP
- Organisation du Festival de film – Santé Mentale et Prison, 4 au 7 avril 2025
La cheville ouvrière du Festival – Santé Mentale et Prison
C’est l’équipe militante de l’Action Maladie Psychique et Prison (AMPP) qui assure toute l’organisation du festival :
- Catherine Favre, journaliste, retraitée,
- Karen Hafsett Nye, coordinatrice AMPP,
- Damien Marquis, webmaster,
- Huguette Wist, dite Gus, responsable administrative et finances,
- Madeleine Pont, fondatrice du Graap et responsable de l’AMPP.
Ressources financières
- Parrainages de patients-détenus
- Dons
- Un couple, mécène anonyme, finance la campagne de sensibilisation à la réalité de la population doublement stigmatisée par la prison et le trouble mental.
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