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L’hôpital et la sécurité, une absurde inversion des valeurs

Tiré de : Newsletter de Pro Mente Sana N° 16 – mai 2020

Communiqués de presse et prise de position

L’hôpital et la sécurité, une absurde inversion des valeurs

La Commission nationale pour la prévention de la torture (ci-après CNPT) a effectué une visite à l’hôpital psychiatrique de Cery en avril 2018.

A cette occasion elle a reproché au canton de Vaud d’avoir recours à des agents de sécurité privée habilités à faire usage de la contrainte physique (spray au poivre, bâton tactique, menottes métalliques), soulignant que cette méthode n’était pas conforme aux standards internationaux.

Loin de faire amende honorable le Conseil d’État a répliqué en août 2019 que le recours à des agents de sécurité répondait à plusieurs objectifs dont celui de garantir la sécurité des équipes infirmières à 70% féminines ainsi que celle des autres patients ; au surplus le coût de la sécurité privée était inférieur à celui d’un collaborateur. Mais pas un traître mot sur de possibles mesures alternatives, pourtant saluées par la CNPT à la clinique psychiatrique de Mendrisio au Tessin une année auparavant : prise en charge intensive lors des situations de crise, examen à intervalle régulier, mesures de désescalade, présence sur place de la fondation Pro Mente Sana à laquelle les patients peuvent s’adresser à tout moment.

On s’effraie de constater que l’hôpital de Cery se voit comme un employeur soucieux de garantir la sécurité de ses collaboratrices avant de se reconnaître comme un lieu de soin dont la vocation est de recevoir des personnes en détresse aigue et d’offrir l’hospitalité à des souffrances paroxystiques qui ne s’expriment pas toujours avec retenue, politesse et déférence.  Porter atteinte aux droits fondamentaux des patients pour leur dispenser des soins doit être perçu comme la marque d’un échec qu’il est honteux de justifier par le genre et le coût des collaborateurs-trices. Quoi qu’il en soit, si l’hôpital psychiatrique doit accomplir sa mission à coup de sprays en poivre pour protéger son personnel, ne devrait-il pas cesser d’être considéré comme une « institution appropriée » à porter assistance à des personnes souffrant de troubles psychiques au sens de l’article 426 du code civil ?

Peut-être est-il temps de reprendre une réflexion de fond sur l’aptitude des hôpitaux psychiatriques à accueillir des souffrances humaines aussi désarçonnantes qu’impartageables …

Shirin Hatam
Juriste, titulaire du brevet d’avocat

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L’hôpital et la sécurité, une absurde inversion des valeurs

Tiré de : Newsletter de Pro Mente Sana N° 16 – mai 2020

Communiqués de presse et prise de position

L’hôpital et la sécurité, une absurde inversion des valeurs

La Commission nationale pour la prévention de la torture (ci-après CNPT) a effectué une visite à l’hôpital psychiatrique de Cery en avril 2018.

A cette occasion elle a reproché au canton de Vaud d’avoir recours à des agents de sécurité privée habilités à faire usage de la contrainte physique (spray au poivre, bâton tactique, menottes métalliques), soulignant que cette méthode n’était pas conforme aux standards internationaux.

Loin de faire amende honorable le Conseil d’État a répliqué en août 2019 que le recours à des agents de sécurité répondait à plusieurs objectifs dont celui de garantir la sécurité des équipes infirmières à 70% féminines ainsi que celle des autres patients ; au surplus le coût de la sécurité privée était inférieur à celui d’un collaborateur. Mais pas un traître mot sur de possibles mesures alternatives, pourtant saluées par la CNPT à la clinique psychiatrique de Mendrisio au Tessin une année auparavant : prise en charge intensive lors des situations de crise, examen à intervalle régulier, mesures de désescalade, présence sur place de la fondation Pro Mente Sana à laquelle les patients peuvent s’adresser à tout moment.

On s’effraie de constater que l’hôpital de Cery se voit comme un employeur soucieux de garantir la sécurité de ses collaboratrices avant de se reconnaître comme un lieu de soin dont la vocation est de recevoir des personnes en détresse aigue et d’offrir l’hospitalité à des souffrances paroxystiques qui ne s’expriment pas toujours avec retenue, politesse et déférence.  Porter atteinte aux droits fondamentaux des patients pour leur dispenser des soins doit être perçu comme la marque d’un échec qu’il est honteux de justifier par le genre et le coût des collaborateurs-trices. Quoi qu’il en soit, si l’hôpital psychiatrique doit accomplir sa mission à coup de sprays en poivre pour protéger son personnel, ne devrait-il pas cesser d’être considéré comme une « institution appropriée » à porter assistance à des personnes souffrant de troubles psychiques au sens de l’article 426 du code civil ?

Peut-être est-il temps de reprendre une réflexion de fond sur l’aptitude des hôpitaux psychiatriques à accueillir des souffrances humaines aussi désarçonnantes qu’impartageables …

Shirin Hatam
Juriste, titulaire du brevet d’avocat

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